Le Voyage des deux docteurs

Le temple Jing An, Shanghai.
Le temple Jing An, Shanghai.

Docteur JB est un acupuncteur du sud de la France. Je l’ai accompagné pour un voyage éclair en Chine. Comme le dit mon cousin Thomas, « au fond c’est ça ton truc, dans la vie : tu accompagnes, tu guides les gens. Tu les prends par la main et tu leur montres des trucs. » C’est ça mon truc.

Cela faisait des années que je tannais JB pour réaliser ce voyage. Je lui faisais remarquer qu’il ne pouvait continuer à exercer l’acupuncture sans connaître la Chine. Pour des raisons familiales et professionnelles, il ne pouvait pas partir plus d’une semaine. Je lui ai concocté un petit séjour aux petits oignons. Outre les rencontres avec des médecins et thérapeutes, masseurs de pieds, poseurs de ventouses et piqueurs d’abeille, j’organisais les choses pour que JB sente la vie quotidienne des rues et des parcs. Qu’il s’imprègne de cette ambiance sympathique des ruelles, qu’il mange dans des boui-boui exquis, qu’il voie passer sans y toucher le corps admirable des femmes, qu’il contemple les vieux faire du taichi de bon matin. Qu’il hume la profonde sagesse des jardins.

Jardin Yu, Shanghai
Jardin Yu, Shanghai

Moi docteur en lettres, lui docteur en médecine. Moi précaire, lui confortablement installé. Moi célibataire, lui marié. Moi sans descendance, lui père de trois enfants. Moi amoureux de la Chine, lui familier de l’Inde. Nous étions bizarrement assortis, mais tout s’est très bien passé entre nous. J’ai eu le bonheur de le voir aimer la Chine et les Chinois. Je n’ai pas ménagé mes efforts pour cela, lui ai fait rencontrer des amis très charmants, ai commandé chaque jour des plats délicieux et variés. J’ai équilibré les journées entre tradition et modernité.

Hôtel Hyatt, tour Jin Mao, Pudong, Shanghai.
Hôtel Hyatt, tour Jin Mao, Pudong, Shanghai.

Mais c’est à lui-même qu’il doit d’avoir apprécié ce séjour si court. D’autres personnes ne se laissent pas toucher si facilement par les différences culturelles. JB partait avec un a priori assez fort sur les Chinois, mais il a su voir, en très peu de temps, le charme qui se dégage de leur pratique de vie au quotidien. En bon père de famille, il a été agréablement surpris de voir la tendresse qu’exprimaient les hommes pour les petits enfants. Il était très sensible aux ambiances et à tous les phénomènes de soins, de solidarité et de sociabilité. J’ai été très ému de l’entendre dire, au bout de quelques jours : « Ils s’occupent quand même beaucoup de leurs vieux, leurs handicapés et leurs aveugles. C’est curieux, cette mauvaise réputation qu’ils se trimbalent, pour un peuple aussi affable. »

3 commentaires sur “Le Voyage des deux docteurs

  1. En 1976, baby-sitter à Paris, j’habitais une minuscule chambre de bonne aux murs enduits de plâtre blanc. J’y avais tracé les douze méridiens acupuncturaux (trois par mur) et bien sûr les trente points de chacun d’eux avec une calligraphie de leur nom.

    Ornement sobre mais qui me faisait rêver.

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  2. Comme vous êtes savants ! docteurs ! que vous savez de choses… un jour, j’aimerais lire ici vos pensées sur le do-in et le shiatsu que je pratique (surtout le do-in) dans une MJC et qui est fondé sur les méridiens et les points que l’on stimule par auto-massage, sans aiguille, mais par digitopression. Est-ce chinois ? japonais ? issu du taoisme ?

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