Je me suis rendu jusqu’au fond de la haute vallée, où le propriétaire des parcelles m’attendait en voiture. Nous avions des bouteilles pour fêter notre affaire. Arrivés chez lui, dans un hameau qui domine la vallée de la Borgne, nous avons descendu, consciencieusement, méthodiquement, tous les nectars. Liquides à bulles, liquides de velours, liquides clairs liquides profonds. Nous leur avons fait un sort.
J’ai dormi dans la cabane, sur le terrain de mon frère, et le lendemain, après une toilette sommaire dans l’eau de la source, je suis allé chez monsieur le notaire.
Il n’y a pas plus éloigné d’un sage précaire qu’un notaire. Un notaire sert à éviter au maximum tout impondérable, toute précarité, dans un accord. Nous avons signé après lecture de l’acte notarié, et sommes allés célébrer l’événement au Café des Cévennes.
Après quoi j’ai loué une voiture et suis allé acheter mon premier arbre fruitier. j’ai voulu un cerisier, je ne sais pas vraiment pourquoi. Parce que j’aime les cerises, me dira-t-on. C’est vrai mais pas davantage que les figues, les prunes ou les pêches. Avant tout, le cerisier, ce sont des fleurs qui rappellent l’été, et qui me rappellent deux lieux qui m’ont enchanté : Dublin, en Irlande, et certains coins d’Asie.
C’est bizarre malgré tout, et je m’en avise au moment même où je vous en parle. Pourquoi diable n’ai-je pas choisi un prunier ? Le prunier aurait eu beaucoup plus de sens : cela m’aurait ramené à la Chine, en particulier à la montagne Pourpre et Or de Nankin, et au fameux motif calligraphique de la branche de prunus. Le fruit du prunier est magnifique et tout aussi érotique que celui du cerisier. Enfin, pour l’amoureux d’Asie, le cerisier rappelle plutôt le Japon, et ce n’est pas avec le Japon que j’ai initié une histoire d’amour… J’aurais dû choisir un prunier, et j’ai choisi un cerisier, c’est ainsi.
J’ai même choisi deux cerisiers. Peut-être parce qu’il y avait deux pépiniéristes dans le village et que je ne voulais pas faire de jaloux. Le premier donnera des fruits à partir de fin mai, le second à partir de juillet. Il y aura donc des cerises tout l’été, si Dieu le veut.
(…)
Voici le grand cerisier
Sous lequel chante la grive.
Voici le sommet des monts
Qui est un pays de neige ;
Voici le pré du cochon
Qui est tout en terre beige.
(…)
Voici l’homme aux dures mains
Qui des arbres fait des planches
Et qui vit dans le parfum
De la sciure, si blanche.
Voici les ânes charmants
Dont j’écoute le silence
Rythmé par le mouvement
De leur queue qui se balance.
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Beau poème Cochonfucius. C’est de toi ?
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Voir ici :
http://paysdepoesie.wordpress.com/2014/03/05/voici-ma-vie/
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Quand nous chanterons le temps des cerises
Les gais rossignols, les merles moqueurs
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur.
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
2. Mais il est bien court le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreille,
Cerises d’amour aux roses pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.
3. Quand vous danserez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Evitez les belles.
Moi qui ne craint pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.
Quand vous danserez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d’amour.
4. J’aimerai toujours le temps des cerises,
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte.
Et dame fortune en m’étant offerte
Ne pourra jamais calmer ma douleur.
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur.
Jean-Baptiste Clément
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Merci Nénette. C’est vrai qu’il est bien court, le temps des amours, mais qu’il ne faut pas se méfier de la femme qu’on aime. JB Clément est vrai sage précaire, je contresigne sans hésitation sa conclusion poétique : je ne regretterai jamais d’être amoureux, et même les douleurs atroces que l’amour m’inflige, même ces douleurs, je les aime.
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