
J’ai le plaisir d’annoncer ma dernière publication dans la belle revue canadienne Études littéraires. Un article de recherche en littérature comparée concernant le grand voyageur médiéval né au Maroc, Ibn Battuta. Je suis bien aise car c’est un travail qui synthétise plusieurs années d’efforts et de promenades mentales.
Dans ce blog, j’écrivais déjà sur la tradition arabe de l’écriture viatique début 2015. Puis je mettais en ligne une série de billets sur la Rihla d’Ibn Battuta, que j’étudiais plus précisément.

La même année, Abdelkader Damani, commissaire d’une biennale d’art au Maroc me commandita un article sur Ibn Battuta pour le catalogue de l’exposition, ce que je fis avec plaisir.
Il y eut aussi un temps de voyage géographique associé à cette recherche. Je fis un court séjour à Fès, au Maroc, pour faire un reportage radio sur le voyageur, car c’est à Fès qu’il finit sa vie et dicta son récit de voyage. Le reportage n’a pu se faire mais mon expérience de Fès m’inspira des idées inédites sur le rapport d’Ibn Battuta avec son mécène, la ville nouvelle de l’époque et le concept d’oeuvre totale propre au sultan berbère qui tenta d’incarner une sorte de renaissance culturelle au XIVe siècle.
Plus tard, pendant l’été 2015, je donnais une conférence sur le même auteur dans un colloque sur la littérature des voyage organisée au Royaume-Uni. Les participants critiquèrent l’usage que je faisais du merveilleux. Leurs critiques bienveillantes me motivèrent à poursuivre mes recherches pour prouver et démontrer que mes intuitions étaient bonnes.
L’année suivante je fus recruté par une université du sultanat d’Oman, pays que visita en son temps le grand voyageur marocain, et dont il parle avec précision. C’est là que j’organisai un colloque intitulé « Arabie et Littérature de voyage », dans lequel je proposai une nouvelle conférence sur les effets de traduction de sa Rihla en français.
Ce dernier article qui vient de paraître est donc le fruit de plusieurs couches sédimentées de recherches différentes sur le même livre. Il faut préciser que le récit de voyage d’Ibn Battuta est une somme considérable et qu’on peut passer sa vie à l’étudier.
La revue à laquelle j’ai soumis l’article a fait relire le manuscrit par des spécialistes d’Ibn Battuta qui n’étaient pas forcément littéraires eux-mêmes. Ils étaient africanistes si je ne m’abuse, si bien que j’ai dû explorer des chercheurs historiens, archéologues et anthropologues spécialistes de l’Afrique médiévale, ce qui me plut infiniment. Les remarques de ces relecteurs éditeurs m’aidèrent considérablement à améliorer l’article dans son ensemble et dans son détail.
Voilà. Cet article enfin publié dans une des revues les plus reconnues sur le plan international est certainement la conclusion de toutes ces années d’explorations diverses. À moins que ce soit l’avant-dernière étape sur le trajet qui mène à la publication d’un livre en bonne et due forme. Qui vivra verra.