Pour fêter la nouvelle année, les Chinois de l’université Mandchou où je travaillais m’ont fait le cadeau de me licencier. Vive la Chine. Vive l’année du Tigre.
La raison de mon licenciement est très floue car l’administration ne m’a pas prévenu de problèmes liés à mon travail. J’avais été recruté principalement pour servir de locomotive dans le domaine de la recherche, et j’ai parfaitement rempli ce rôle. Le chef de département m’a félicité publiquement, en pleine réunion d’équipe, du nombre et de la qualité de mes publications affiliées à l’université.
En tant qu’enseignant, je n’ai pas à me plaindre non plus puisque les étudiants m’ont envoyé des traces écrites qui prouvaient qu’ils m’appréciaient, mes cours ont été observés plusieurs fois et il a fallu que je coure derrière les retours d’observation : il en ressort que mon approche pédagogique a été reconnue par mes pairs. Je n’ai en tout cas reçu aucune plainte. Quand il y avait des ajustements à effectuer, je les effectuais.
Finalement, la DRH de l’université m’a donné une raison qui vaut ce qu’elle vaut : j’ai diffusé une vidéo un jour dans laquelle figurait, parmi des dizaines de drapeaux, le drapeau de Taiwan.
La dame se borne à ce laconique commentaire : « Il n’y a qu’une Chine. »
Après avoir rappelé un message, elle conclut : « C’est un sujet très sensible. Vous pouvez garder cela à l’esprit. »
La Précarité du sage 
台湾省
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Il faut faire attention de bien dire
« province de Taiwan »
en parlant de ce territoire…
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Très juste. Mais en l’occurrence je n’avais pas dit un mot. L’image incriminée était un drapeau. Or la province n’a pas de drapeau ou alors en a un autre. Un étudiant m’avait dit, en parlant des drapeaux qu’il voyait dans la vidéo : « République de Chine ». Il n’avait pas tort, c’est le nom officiel que se donne Taiwan depuis Tchang Kai Chek. Par opposition à « République Populaire de Chine ». D’où le commentaire laconique de la DRH : « There is only one China ».
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