On se souvient que les émeutes ont eu lieu il y a exactement une semaine, lundi et mardi soir. Depuis, les journaux ont envoyé leurs reporters pour en savoir plus. Les journaux du dimanche ont donc donné leur version des faits.
Il faut préciser ici que les journaux dits « Tabloïd », qui sont de véritables torchons sous bien des apsects, sont aussi des vrais lieux d’information, si on sait les lire. Le tabloïd Sunday World, par exemple, emploie de vrais reporters, au courage réel et à la plume acérée, dont certains ont reçu des menaces de mort. La mise en page, pleine de photos trash et de gros titres sensationnels, donne à penser que l’article se limite à remuer la merde, mais ce serait une erreur de la penser. Il y a eu de véritables enquêtes, des sources vérifiées, des informateurs rencontrés, des informations croisées. En lisant plusieurs tabloïds, qui ont généralement des résultats un peu différents, le lecteur scrupuleux peut se faire une idée de la marche des événements, à condition de ne pas tout prendre au pied de la lettre.
Je résume donc. On croyait que les émeutes avaient été télécommandées par la « Bête de l’est », un membre du groupe terroriste UVF. Bon, mais est-ce bien vrai, et à quelle fin ? A ce jour, deux motivations principales semblent se dessiner, mais qui ne peuvent être, on le comprendra vite, que des faisceaux d’indices, non des informations définitives.
Premièrement, le gouvernement avait assigné la somme de quatre millions de livres sterling pour venir en aide à des quartiers défavorisés de Belfast. La priorité était donné aux quartiers qui sont à l’interface d’un lieu catholique et de rues protestantes. Mettre le feu à East Belfast permettait à l’UVF de faire pression sur les décideurs pour rediriger cette manne financière et créér les fameux « emplois communautaires » au sein de leur groupe. Il est probable que les groupes paramilitaires appréhendent ces emplois fictifs comme des pensions pour leurs cadres. Des travailleurs sociaux du quartiers ont déjà fait actes de pressions pour qu’ils dégagent, et certains ont purement et simplement démissionné pour laisse la place à des gens de la mafia locale.
Deuxièmement, les groupes protestants les plus radicaux sont en conflit contre la commission officielle des marches et parades. On sait combien les marches orangistes sont importantes dans les quartiers protestants, mais aussi combien elles créent de tensions quand elles passent à proximité des quartiers catholiques. La question des itinéraires est donc cruciale. S’il n’a pas été possible de trouver des itinéraires paisibles, c’est que les groupes les plus radicaux font pression contre cela. Ils ont leurs raisons que je n’exposerai pas ici. Toujours est-il que les émeutes de la semaine dernière seraient une piqûre de rappel violente, à l’approche du 12 juillet, pour que la commission ne se croie pas autorisée à faire ce qui lui semble bon impunément.
Ce sur quoi se rejoignent tous les journaux, jusqu’à présent, c’est que les émeutes vont reprendre et que l’été est promis à de grandes agitations.