Michel Jeannès, Journal du fibulanomiste
Je profite du plaisir que m’a procuré Michel Le Bris en commentant ce blog pour rebondir sur une remarque communément admise : son oeuvre, le festival « Étonnants voyageurs » et son travail éditorial seraient une bonne chose pour la littérature du voyage. Est-ce si sûr ? Je ne le crois pas, pour deux raisons. Premièrement, le travail éditorial concerne surtout des traductions et des rééditions, ce qui est bien, mais donne une image nostalgique du voyage et de l’écriture du voyage. Deuxièmement, ce que Michel Le Bris promeut n’a jamais été le récit de voyage, mais la littérature aventureuse, les romans d’aventure.
Or le récit de voyage doit être considéré sous son aspect non-fictionnel pour le faire avancer. Il ne s’agit pas de rejeter les fictions, mais simplement de redonner du lustre au récit de voyage en tant qu’essai d’écriture et de genre expérimental. Les grands essais dans ce domaine s’éloignent considérablement de ce que préconise Michel Le Bris. Prenez des classiques contemporains comme Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de George Perec, Mobile de Michel Butor, L’Empire des signes de Roland Barthes, ce sont des oeuvres de voyage, de qualité littéraire indiscutable, mais qui n’ont rien de fictionnel et qui renouvellent puissamment le genre « récit de voyage ». Ce genre, Michel Le Bris n’aide en rien à le développer. Pire, Le Bris a critiqué très durement des écrivains comme Barthes et Butor, les traitant de « nains » (cf. Pour une littérature-monde), car leur travail conteste le récit traditionnel, romanesque et fictionnel.
Résumons : Michel Le Bris ne défend la littérature de voyage que dans la mesure où elle reste cantonnée dans des romans d’aventure classiques. Il la rejette quand elle explore des territoires d’écriture nouveaux.
Je précise à toute fin utile que si je tape sur Michel Le Bris, comme dans ce billet très dur, ce n’est pas poussé par la haine, car je n’ai rien contre l’homme, mais pour faire prendre conscience de problématiques littéraires et esthétiques qui méritent la constitution provisoire d’une « machine de guerre ». Frapper plusieurs fois, ne pas s’arrêter, depuis des lieux virtuels et réels, frapper pour faire voir ce qu’il y a d’engoncé et de réactionnaire dans ce qu’ont fait nos aînés.
Aujourd’hui, un acteur des lettres aussi important que Michel Le Bris devrait se pencher sur des propositions d’écriture qui essaient d’inventer, plutôt que de revenir incessamment à des romans d’aventure et à une fiction prétendument populaire. Il devrait être à l’écoute des artistes contemporains qui bricolent des dispositifs, des projets, des interventions sur des territoires, des installations baroques.
Quelques exemples d’oeuvres narratives à la fois géographiques, voyageuses, et exploratrices de formes.
Le « Journal du fibulanomiste », de Michel Jeannès, fait partie de cette mouvance. Publié dans un livre qui s’intitule 111 rumeurs de Villes, ce travail met en texte et en image des itinéraires urbains, des collectes de boutons perdus ou jetés, donnant lieu à d’autres types de collectes, bouts de journaux, faits divers, lambeaux de récits, etc. C’est bien une manière de raconter la vie des gens, une manière qui nous échappe, nous qui ne sommes ni artistes, ni aventuriers. Voir la photo ci-dessus et lire cet extrait.
Il faudrait aussi se pencher sur le travail de Mathieu Bouvier, qui, depuis quinze ans, interroge nos rapports aux territoires et nos circulations dans les espaces urbains, ruraux, rurbains, uraux, que sais-je encore ? Il y a quelques années, il a donné, à l’Ecole des Beaux-arts du Mans, une conférence-performance intitulée : De la marche considérée comme un des beaux-arts. Il avait fait le chemin à pied, de Montreuil au Mans. Quelques jours de marche qui sont à inclure dans le projet artistique de la conférence. Récemment, dans L’herbe, il a créé avec Mylène Benoit un dispositif (il n’y a pas d’autre mot) autour des terrains vagues de l’agglomération lilloise ; ils les appellent des « interstices » urbains, des « taches blanches » cartographiques, rejoignant par là, peut-être sans le savoir, les recherches de Jean-Didier Urbain sur le « touriste interstitiel » . Dans L’herbe, il y a des vidéos, une intallation (donc des choses à exposer), des trucs internet (donc propices à la navigation), mais aussi des actions qui n’entrent pas dans les catégories habituelles de l’art, des randonnées, des excurisons. Bouvier et Benoit avaient même le projet d’écrire un Guide de randonnée sur le modèle de ceux de l’IGN, sur tous ces terrains vagues, avec une page de carte et une page de texte. On pourrait imaginer le type de prose : « Cinquante mètres après le cadavre du renard, tournez à droite vers la bretelle… » Dans l’introduction du site de L’herbe, ils définissent ces territoires interstitiels comme une création d’espace et de temps « en voie de resserrement ». Ce que l’on voit sur leurs photos donne, il est vrai, l’impression étrange de lieux opprimés, compressés par les autoroutes et le trafic, mais où certaines personnes, plus ou moins exclues, des riverains aux contours flous, peuvent trouver du repos.
Voilà, ce sont des gens comme cela qui sont l’avenir du récit de voyage, pas des promoteurs d’une littérature déjà connue. Le récit de voyage n’est pas un récit « enjoliveur de réalité », même si, à travers toutes les recherches topographiques, l’attachement au réel, les descriptions rigoureuses auxquelles s’astreignent les artistes, une image fabuleuse du réel finit par émerger.
« Le temps des fables est arrivé », écrivait André Dhôtel.
pourquoi tant de haines contre Le Bris, seriez vous jaloux ?
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pourquoi opposer littérature aventureuse de Le Bris et littérature d’avant garde ? les deux parlent de voyages, non ? ou est le probléme ? pourquoi etre dans le « contre » a chaque fois ? Jean Rolin est trés classique aussi…
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Oui, Step, c’est ça, je suis jaloux de Michel Le Bris.
Ly thci (tu mu), il ne s’agit pas de parler de voyage. Moi, le voyage en tant que tel, ça ne me convient pas. Mais le pb est que ce n’est pas moi qui suis d’abord dans l’opposition. Lis « Pour une littérature voyageuse » et « pour une littérature-monde », tu verras qui se définit en opposition. Je le cite : « ils (les intellectuels) ont réussi à conduire la littérature française à son point de quasi-extinction… Nous savons de quoi meurt la littérature : de s’être faite la servante des idéologies… de se noyer dans le trop-plein de soi… de se satisfaire de n’être plus que ‘littérature’: jeux de mots. » pp.139-140
Le Bris désigne ses cibles: l’engagement (Sartre, Beauvoir, Camus, Malraux), le structuralisme (Lévi-Strauss, Barthes, Genette), le nouveau roman (Robbe-Grillet, Butor, Sarraute), bref que des courants qui, à leur manière, ont fait progresser à la fois la littérature française et l’écriture du voyage. Les romans d’aventure de Le Bris sont à cet égard des rétrogradations littéraires.
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« bref que des courants qui, à leur manière, ont fait progresser à la fois la littérature française et l’écriture du voyage »
Pour le coup, je trouve que c’est toi qui retarde un peu en continuant à raisonner en terme de « progrès ». La littérature change, évolue, se déplace, mais elle ne « progresse pas ». Sartre, Beauvoir, Camus et Malraux ne sont pas « supérieurs » à Cervantès, Homère, Balzac ou Dostoievski.
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Admettons. C’est sûr que des oeuvres du passé ne sont pas dépassables. En revanche, écrire aujourd’hui comme Homère, à moins de faire un pastiche qui joue sur l’idée de pastiche etc. n’aurait pas de sens, voire serait impossible (je sais que ce n’est pas ce que tu préconises, laissons cela).
Restons sur le récit de voyage (le roman nous ferait entrer dans un débat trop lourd pour mon estomac), ce que je voulais dire par progrès, ce sont des mises en forme, des mise en texte du voyage qui fassent évoluer le lecteur quant à son rapport aux territoires et aux voyages. Ecrire au XXe siècle en cherchant l’exotisme, par exemple, dans le style comme dans le contenu, c’est rétrograde par rapport aux Segalen, aux Michaux, aux Lévi-Strauss qui ont, par leurs travaux fait avancer, évoluer, l’écriture du voyage. Ils l’ont rendu plus adapté à leur temps. L’idée de progrès est peut-être mal venue, je la retire sans problème
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Je m’appelle Ly Chi pas ly tchi Je trouve que vous etes un peu flou : vous ne parlez pas de voyages ? je ne comprends pas aprés vous dites que si. Pourquoi ne pas reconnaitre que grace a M Le Bris, désormais il peut y avoir des évolutions, des « progrés » ou non. Grace a lui on peut s’opposer , sans lui, vous ne pourriez pas même écrire ce billet philosophique : c’est comme la bataille du pére et du fils ; il représente une figure paternelle et vous etes l’oedipe roi qui cherche a le tuer pour mieux prendrfe sa place et vous invouqez les lettres d’avants gardes, c’est un joli progrés, mais vous etes quand même flou, c’est bizarre.Sinon je pense que vous écrivez trop vite, il y’a beaucoup d’idées trés jolies sur ce blog mais elles ne sont pas forcéments juste : la preuve; tout change trop vite, j’au du mal a vous suivre, c’est bizarre, c’est vrai…vous écrivez comme on voyage, ca chnage vite comme le paysage que l’on parcourt mais aprés il ne reste plus rien, moi j’aime quand c’est bien net.Ici ca fait bizarre, même si c’est juste.
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Loin de moi l’idée de défendre la littérature « conventionnelle », comme tu l’appelles (elle se défend très bien toute seule), juste l’envie de partager un sentiment : ce que tu appelles une littérature d’avant garde, à l’instar de Bouvier et Jeannès (mais je ne les connais ni l’un ni l’autre), en cherchant si visiblement et activement de nouveaux territoires pour la littérature (que tu appelles de voyage, en l’occurrence, mais je ne vois pas très bien pourquoi), me semble s’enfermer dans des terrains très étroits. Je veux bien, la poésie des boutons, mais enfin… les terrains vagues, oui, mais bon… Tout ça n’est-il pas très intellectuel ? très fabriqué ? très voulu ? très artificiel ? Tu diras évidemment non, puisque tu semble pris de passion pour, mais je crois que pour la plupart des gens, et même des gens cultivés, cette « nouvelle littérature de voyage » est condamnée à rester assez anecdotique.
Mais bon, c’est juste mon sentiment.
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Je ne pense pas avoir parlé de littérature d’avant-garde. L’avant-garde est une notion que je limite à la Belle époque, car justement, après les guerres mondiales, on ne croit plus au progrès.
L’idée que des gens s’enferment, c’est très subjectif. L’autre jour, un ami m’a dit qu’en évoquant trop souvent la Chine, je m’enfermais moi aussi. Les auteurs-artistes que j’évoque dans ce billet ouvrent des possibilités de narrations, expérimentent des lieux et des pratiques, font des propositions qui aboutissent à des oeuvres « texte et image ». Mais on peut ne pas accrocher, moi, je voulais seulement lancer des pistes et dégager des lignes de force.
En revanche ceux qui font profession de faire renaître la littérature, Le Bris en tête avec sa « littérature voyageuse », devraient à mon avis s’ouvrir aux pratiques d’écriture variées.
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« tout change trop vite, j’au du mal a vous suivre, c’est bizarre, c’est vrai…vous écrivez comme on voyage, ca chnage vite comme le paysage que l’on parcourt mais aprés il ne reste plus rien, moi j’aime quand c’est bien net. »
Je ne sais pas qui vous êtes, Ly Chi (tu mu), mais ce passage me plaît.
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en somme ces artistes ne sont pas contre Le Bris comme ton titre le laisserait supposer. Ils sont a cote, dans les interstices justement. Il n’ y a pas de polemique entre eux et Le Bris. Par contre il y a une dimension de lutte des classes et peut etre des generations dans l’opposition que tu construis : les boutons ramasses ou le grand large… mercerie ou chiffoniers d’un cote, aventuriers magnifiques de l’autre. Pietons et fantassins a droite, navigateurs et capitaines a gauche. Tu soulignes le cote un peu sinistre qu’il y a dans le voyage minuscule, mais tu t’illusionnes sur son cote novateur en tant qu’entreprise artistique . Baudelaire deja voit un poete dans le chiffonier ‘cet homme charge de ramasser les debris d’une journee’.
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François Ly Chi, tu avais promis de te taire.
Très juste, dominique. Le voyage minuscule et la poésie des terrains vagues, on a quand même vu plus novateur…
Ce qui est très innovant en revanche, véritablement neuf, révolutionnaire, c’est Internet. En allant sur Internet, je bouge. Le corps est statique, mais l’esprit prend l’avion et tourne autour du globe. Ca change absolument tout.
Même la solitude n’est plus la même, ni le rapport aux autres, à l’espace, aux cultures nationales, etc.
Faire une thèse sur la littérature du voyage contemporaine sans voir la place centrale d’Internet dans l’imaginaire contemporain, sans montrer qu’il bouleverse tout le rapport à l’espace, c’est comme, euh… visiter Angers en oubliant le château et les Tapisseries de l’Apocalypse.
Me semble-t-il, hein !
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Il y aurait beaucoup à répondre, mais je ne suis pas sûr que les débats iraient dans des directions intéressantes. Je veux dire: si pour vous, des phénomènes comme Le Bris, la littérature voyageuse, la littérature-monde, ne posent pas de problème dans le champ littéraire français; et que d’autre part les websites de Bouvier et Jeannès ne vous ont pas donné une impression de travail novateur, et en tout cas très intéressants par rapport aux espaces urbains et à leur mise en « oeuvre » (textuelle ou autre), il n’y a pas de débat à avoir. Vos opinions sont tout à fait respectables, mais il est probable qu’il n’y aura pas de terrain d’entente entre nous sur ce point.
Pour ce qui est de Le Bris, la critique anglo-saxonne est en avance sur nous. Chez nous, ce ne sont que des écrivains jeunes comme De Toledo (cf. le billet avec la vidéo où il explique son point de vue, http://laprecaritedusage.blog.lemonde.fr/2008/11/15/jeune-generation/) et des riens du tout comme moi qui lui tapent dessus. Au Royaume-Uni ce sont des chercheurs autrement plus qualifiés, mais que, malheureusement, personne ne connaît car personne ne les lit. Voir à ce sujet, pour ce qui veulent, le sous-chapitre intitulé « Contre une littérature voyageuse » p.159-166, dans le livre de Charles Forsdick, « Travel in the Twentieth-Century French and Francophone Culture » (Oxford University Press, 2005). Il s’agit d’une critique à forte tendance postcolonialiste. Ceci est juste une référence, ce n’est pas un argument. Mes arguments sont dans mes différents billets sur la question, et je comprends qu’ils ne touchent pas tout le monde.
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D’accord pour ce qui est d’internet. Je pense aussi qu’il faut avancer dans les recherches sur les productions virtuelles.
D’ailleurs, là encore, les Anglo-saxons sont en avance: voir la Postface de « New Approaches to Twentieth-Century Travel Literature in French: Genre, History, Theory » de Charles Forsdick + Feroza Basu et Siobhan Shilton (Peter Lang, 2006). Cette postface propose des pistes à venir dans les études de l’écriture du voyage, et le virtuel y a sa place.
Tant que j’y suis, encore une référence, juste au cas où cela intéresserait des « éventuels lecteurs ». Dans l’ouvrage que j’ai cité plus haut, (dans le commentaire précédent), il y a un autre chapitre qui éclaire l’opposition entre Michel Le Bris et des auteurs comme Butor et Barthes : « New Travel Literature or ‘Bracketing of the World’? » Charles Forsdick y examine l’enventualité d’une « nouvelle littérature du voyage » (sur le modèle du Nouveau roman) et la critique que fait Le Bris à l’encontre de tous ces « intellectuels » qui « mettent le monde entre parenthèse ». Cf. Forsdick, Charles, « Travel in Twentieth-Century French and Francophone Culture » (Oxford, 2005) pp.136-143.
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Non, non, je ne crois pas qu’un débat constructif puisse avoir lieu là-dessus tout de suite, nos centres de gravité sont trop loin.
Michel Le Bris, je comprends (et partage) ton rejet de l’exotisme, c’est juste que je ne vois pas bien l’importance qu’il y a à le combattre. Est-il vraiment si dangereux, si influent ? Bon, peut-être que oui.
C’est juste qu’au-delà de Le Bris, je reste peu convaincu par la survie d’une catégorie « littérature voyageuse » à une époque où tout le monde voyage autant. On ne voit pas très bien où est le facteur différenciant. Mais bon, je vais continuer à te lire et à ouvrir l’esprit à tes propositions.
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« je reste peu convaincu par la survie d’une catégorie “littérature voyageuse” à une époque où tout le monde voyage autant. »
C’est tout le problème de mes recherches: pourquoi et comment faire de la littérature de voyage à l’époque du tourisme de masse.
La « littérature voyageuse » est un faux concept, un truc marketing bricolé par Le Bris, mais qui inclut tout et n’importe quoi, sauf, paradoxalement des textes majeurs ou novateurs qui sont du genre « Récit de voyage ».
Grâce aux recherches sur ce genre littéraire, pour ne donner qu’un argument, de nombreux textes sous-exploités reprennent vie et deviennent incontournables. Par exemple ? On y parle bcp d’auteurs peu lus, François Maspéro, « Les passagers du Roissy-Express », et d’auteurs connus mais pour d’autres travaux, Michaux, Lévi-Strauss, Leiris, Baudrillard. Au fond, ces études éclairent d’une nouvelle lumière l’ensemble de la littérature, depuis les problématiques et les thématiques de l’espace, des déplacements et de ses récits.
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Que dit Fordsick sur le voyage dans la littérature française au 20e ?
J’ai lu un article d’un Antoine Raybaud, « Deuil sans travail, travail sans deuil, la France a-t-elle une mémoire coloniale ? » dans lequel l’auteur montre une sorte d’amnésie de la culture francaise sur la question coloniale : » Que la France n’ait pas eu son Kipling, ou son Conrad, ou son Hemingway (n’ait vu sa littérature s’ouvrir au phénomène colonial que sous forme de dénonciation (Gide, Céline) de suspicion (Leyris)- ou de dérision (Daudet) … » Psichari a disparu, ne sont retenus (et encore) que Eberhardt et Charles de Foucauld.
A mon avis, cette remarque vaut pour la littérature de voyage. Au 20e, les colonies incarnaient et bouchaient en quelque sorte l’horizon du voyageur. Il n’y a pas de Conrad français parce qu’il n’y a pas d’auteur qui ait intériorisé et mis du doute dans l’exotisme colonial ou non colonial, d’ailleurs. On a des Frison-Roche, mais ce n’est pas très approfondi. C’est peut-être la forme qu’a prise, en France, à la différence du système anglo-saxon, le colonialisme, qui l’a rendu non-littératurisable et qui aurait ainsi ruiné la possibilité d’une littérature de voyage française. Je sais pas. Mais Bouvier est Suisse et Michaux est Belge.
Maintenant, si tu cherches de la littérature de voyage à l’époque du tourisme de masse, en France, qu’est-ce que tu vas trouver à part Houellebecq et sa misérable « possibilité d’une île »?
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« Récit de voyage contemporain : des artistes contre Le Bris »
à propos de ce titre de voyage:
Tout de même, ce titre est très très lapidaire et frise la négligence intellectuelle. Les artistes se retrouvent contre un monsieur dont ils n’ont même pas connaissance (c’est mon cas), par La volonté du rédacteur en titre du billet.
Du coup les détracteurs du billet deviennent les nôtres.
Pour être plus précis dans sa formulation, l’intrépide Normand aurait dû écrire.( par ex): « Moi Guillaume,arrière-arrière-petit- fils de Thor, j’oppose par Thor et à travers, les cheminements d’artistes des interstices (là où l’intérêt se tisse) à la vision de Mr Le Bris que je juge (ici, le rédacteur aurait fait part de son jugement).
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Merci Michel. Je vois avec joie que ma machine de guerre se détraque, qu’elle crachote des glaviots. Les artistes que je voulais brandir comme étendards contre le marketing médiatique de la « littérature-monde » se rebiffent et ne veulent pas être pris pour tel (pour rouage d’une machine de guerre contre un ennemi inconnu). Cela se comprend.
Le titre est lapidaire, le mot est bien choisi, car il s’agit de lapider. Non pas Le Bris lui-même, mais le processus d’évidement du sens auquel il procède.
« Des artistes contre Le Bris », cela peut se lire comme suit : 1-Ces artistes se déclarent contre… ou comme suit: 2-Des artistes dont le travail entre en opposition avec…, comme dans des titres du genre : « Kant contre Mai 68 », ou même « Tocqueville contre George W Bush », entendu que l’un ne s’est jamais prononcé contre l’autre.
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Primo lapider c’est passé de mode, deuxio un titre court c’est peut-être de la timidité ou du manque de temps. Je suis contente de voir la photo-plan de ma ville, avec des boutons qui marquent le territoire :-))))))
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Passe de mode ? Peut-etre, mais pas envoyer des baffes. Parmi les anciens soixante-huitards, et en particulier ceux qui ont du pouvoir, il y en a qu’il faut baffer, mais j’ai conscience que cela prend du temps, de faire comprendre qu’un ecrivain peut etre une nuisance.
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Eh bê… vous y allez pas de main morte, vous, Guillaume. C’est le tonus de la jeunesse ? Je ne connais pas le Bris, mais il semble vous énerver vraiment. Il a tant de pouvoir que cela ? C’est son écriture qui vous agace, son style ou ce qu’il dit ? C’est un débat d’idées ? d’opinions ? Qu’est-ce que vous reprochez aux anciens soixante-huitards… génération d’attardés, j’en suis…
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Ah vous en êtes, Nénette ? Vous en êtes Nénette… Je n’ai rien contre les 68ards en général, je dis qu’il y en a certains qu’on doit pouvoir prendre comme ennemis. Pas vous, Nénette, Dieu m’en garde.
Mais c’est amusant que vous – si l’on admet que vous en êtes bien – me disiez que « lapider c’est passé de mode », car c’est une chose typique de ce que notre génération (les gens sous l’autorité des 68ards) entend de leur de leur bouche : ils ont lapidé tout leur soûl, mais ils disent que maintenant c’est bon, on a assez lapidé. Ils ont écrit comme ils voulaient, et nous disent maintenant qu’on devrait avoir honte d’écrire, et nous limiter à acheter leurs livres. Ils ont donné d’eux une image de doux rêveurs solitaires, idéalistes, alors qu’ils agissaient en stratèges, et maintenant ils cherchent à dévaloriser tout ce qui se fait de gratuit et de libre (comme les blogs, sur quoi ils tirent à boulets rouges, je parle des 68ards qui ont intérêt à ce qu’on achète leurs journaux).
Encore une fois, je ne parle ici que de ceux qui ont pris le pouvoir, pas ceux qui ont été trop doux pour le laisser aux autres.
Pour ce qui est de Le Bris, ma véhémence est expliquée dans les quelques billets que j’ai déjà écrits sur lui, et qui se résume à une critique contre un détournement à des fins commerciales de concepts littéraires mal dégrossis.
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Oui, j’en suis. Enfin, j’avais 16 ans en 68 et je ne m’intéressais qu’au latin. D’ailleurs vous voilà gratifié d’un « satisfecit » parce que vous accordez les participes passés conjugués avec le verbe avoir. Bravo Guillaume. Excusez-moi d’avoir réagi en ayant lu votre article en diagonale. Je vois que Le Bris a injurié Roland Barthes, cher auteur de S/Z.
Quant à ne pas supporter l’idée même de lapidation… parce que ce mot recèle une violence terrible. Parlez de lapidaire, de lapis lazuli, mais de lapidation oh… une baffe c’est moins dur.
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ce conflit inter generationnel est completement obsoléte et abscon.On est tous dans la merde avec la crise maintenant : soixante huitard et enfants de soixante huitards et ce n’est pas en se tapant dessus que l’on va s’en sortir. Donnez des solutions, des idées, des propositions pour améliorer le présent plutot que de créer la polémique. C’est ridicule ces enfantillages.Mais peut etre désirez vous secretement que tout le monde se tape dessus…lamentable.
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Le copnflit inter-générationnel post-soixantehuitards/trentenaires, c’est comme la lutte des classes. Ceux qui bénéficient de la monopolisation de toutes les instances du pouvoir par les anciens de Mai 68 -ces anciens eux-mêmes- lui dénient toute validité. En réalité, nous ( nés dans les années 70 ) sommes arrivés à l’âge adulte et sur le « marché du travail » dans une époque où la réalité sociale et économique était pire que celle que leurs parents leur avait laissé. C’est assez rare pour être signalé et reconnu.
» la réalité sociale et économique était pire que celle que leurs parents leur avait laissé » ou « laissée »? Voilà la question.
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Ce conflit de générations, non seulement il est pertinent, mais il est encore très sous-analysé. Et il ne fait d’ailleurs que commencer, puisque les 68ars partent à la retraite maintenant et que leurs enfants vont devoir se saigner pour la leur financer. Pour la première fois dans l’histoire du monde sans doute, une génération vivant mal va devoir se saigner pour payer la rente de leurs parents qui, non seulement ont toujours mieux vécu qu’eux, mais vont continuer à le faire.
Vous me direz, il y a des 68ars qui ne roulent pas sur l’or. Certes. Mais ce sont des réalités statistiques.
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C’est ainsi qu’on passe de la « lassitude du yéyé » à la « précarité du sage ».
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qu’est ce que c’est que ces histoires ? il est bien evidnt que ce discors de lutte de classe entre génération est une pure invention du systéme histoire de désolidariser les gens entre eux afin qu’ils ne rréflehissent pas ensemble a de moyens de lutte pour changer les choses ;
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La rrélehssion serait saine et vigoureuse et solidaire si quelque chose de commun était, pour ainsi dire, encore possible. En réalité, mais c’est une réalité plus insaisissable, subjective et sans doute limitée, ce qui se passe c’est que dans le discours ex-soixante-huitard, il y a un truc réactionnaire, aigri, limité et en même temps péremptoire et autoritaire qui bouche tout. Et c’est de ce truc que nous voulons nous débarrasser. Peu importe sa date de naissance.
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« Et c’est de ce truc que nous voulons nous débarrasser. Peu importe sa date de naissance. » avec un discours guerrier de ce type la génération soixante huitarde (le génération peace and love) n’est pas pret de lacher les renes du pouvoir…(puisque c’est ca qui vous interresse visiblement…) .En meme temps quand vous dites : « c’est une réalité plus insaisissable, subjective et sans doute limitée,(j’enleve le soixante huitard je suis le fils d’un au passage -mort d’ailleurs dignement au travail-…) il y a un truc réactionnaire, aigri, limité et en même temps péremptoire et autoritaire qui bouche tout », ca fait plus penser a la dictature de l’enfant roi que nous vivons chaque année aux périodes des fetes a noel…
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Nénette : « Parlez de lapidaire, de lapis lazuli, mais de lapidation oh… une baffe c’est moins dur. » D’accord, laissons la lapidation. A regret pour moi, car lancer des pierres est une image qui me semble s’accorder avec la sagesse précaire. Il fallait répondre à mon ami Jeannès qui disait de mon titre qu’il était « lapidaire » et qu’il frisait « la négligence intellectuelle ».
Dominique g : « On est tous dans la merde avec la crise maintenant : soixante huitard et enfants de soixante huitards et ce n’est pas en se tapant dessus que l’on va s’en sortir. » Je suis d’accord mais cela n’a aucun rapport avec ce qui est dit. En outre, c’est relativement inepte, il me semble, comme idée.
« ce discors de lutte de classe entre génération est une pure invention du systéme… » Je m’arrête là, c’est trop pour aujourd’hui.
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vous avez tord et j’ai raison.
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Bon an nouveau né et meilleurs vieux!
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Attaque de Ben : « il y a un truc limité et en même temps péremptoire et autoritaire qui bouche tout”
Réponse de dg : « vous avez tord et j’ai raison »
Cocasse.
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Michel Jeannès souhaite une amélioration des personnes qui sont nées dans les années 50-60. Merci Michel
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Traduction du petit papier du milieu de la photo (en 7) du journal du fibulanomiste : je n’ai pas compris pourquoi il m’a demandé d’écrire : je t’aime…
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Merci Nénette. Je croyais que c’était: « Je n’ai pas compris pourquoi il m’a demandé de croire. Je t’aime. »
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Rectif : pourquoi il me demande…
Si on savait l’histoire de ce papier …
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