Xinjiang and Travel Writing

A la fin du mois d’avril, je vais participer à un colloque d’une journée sur ce thème : « Xinjiang et Récit de voyage ». Cela se déroulera à l’université de Liverpool, dans un centre de recherche au nom des plus mystérieux : SOCLA (School of Cultures, Languages and Area Studies). Cliquez ici pour le programme.

Je suis très excité à l’idée de participer à cette rencontre. D’abord, je crois que c’est un sujet essentiel, peu étudié et pourtant central, tant au niveau littéraire que culturel ou politique. Le Xinjiang ne peut que devenir, avec le temps, une région nodale dans les échanges internationaux. J’en ai assez parlé, sur ce blog et sur mon blog chinois, pour ne pas avoir à me répéter ici.

En outre, je vais rencontrer à Liverpool des personnalités d’importance considérable pour moi. Des chercheurs que je lis depuis des années et qui influencent mes recherches. Alex Hughes d’abord, dont le livre France/ China: Intercultural Imaginings m’a accompagné dans mes recherches shanghaïennes. Mais aussi, et en particulier, un prof de Liverpool qui représente à mes yeux Le chercheur dans le domaine de l’écriture du voyage en langue française. J’allais dire qu’il était le meilleur au Royaume-Uni, mais en réalité il n’a pas d’égal en Amérique. Pour la France, je ne sais pas car je suis devenu un étranger dans mon propre pays.

Charles Forsdick est ainsi la référence absolue pour tout ce qui touche à la littérature du voyage en langue française, au XXe siècle. A chaque fois que j’avance dans mes recherches et que je repère un impensé, un domaine à explorer, je m’aperçois quelque temps après qu’il avait déjà lancé des pistes pour combler ces lacunes. Il est l’un des rares, par exemple, à opérer un très difficile rapprochement entre les théories « françaises » sur la littérature, et les théories « anglo-américaines » sur le travel writing. Quand on mesure l’abyssale incompréhension qui règne entre nos deux pays, sur ce thème, on comprend que c’est un chercheur incontournable pour moi.

De fait, il est incontournable pour plein de gens. Moi, je ne l’ai jamais rencontré, mais tout le monde me dit qu’il est jeune et sympathique. Ce que j’en sais, c’est qu’il a rassemblé autour de lui un ensemble de chercheurs de niveau assez élevé. Je ne fais pas partie de ce réseau, d’abord parce que je n’ai pas de niveau repérable, mais aussi parce que je suis trop critique, trop réfractaire, trop français vis-à-vis de certains points de doctrines postcoloniales et féministes.

J’avais déjà parlé de lui, sans le nommer, dans un des premiers billets de ce blog, dont j’aurais honte s’il n’était pas aussi bien écrit ni aussi drôle. Je racontais une nuit blanche passée à Paris, où j’essayais de lire un de ses livres, entouré de femmes nyctalopes à la langue vicieuse.

A ce colloque de Liverpool, il y aura aussi des orientalistes distingués, dont une sinologue qui va nous parler des récits de voyage chinois de l’époque de la reconquête des Qing. J’attends cela avec impatience, car nous, dans le champs du Travel writing, avons une lourde tendance à ignorer les récits non occidentaux. 

Surtout, il y aura une ethnologue reconnue comme l’une des meilleures spécialistes du Xinjiang. D’origine hongroise, Ildiko Bellér-Hann a fait des études magistrales sur le terrain. Elle parle le ouïgour et ses publications font autorité. J’attends avec fébrilité sa conférence sur les récits du grand archéologue allemand Von Le Coq, qui fut l’un des principaux explorateurs de la Belle époque, un de ceux qui découvrirent et exploitèrent les grottes bouddhistes de la Chine occidentale.

Comme par hasard, je serai le seul « rien du tout » dans ce superbe Aréopage. Le seul moins que rien, le seul imposteur, et c’est le rôle de ma vie. C’est le moment pour le sage précaire de montrer combien ses pirouettes peuvent faire illusion.

7 commentaires sur “Xinjiang and Travel Writing

  1. On sent toute l’excitation d’une telle journée dans le billet…
    Le sage précaire a l’air heureux comme un enfant qui va avoir un gros cadeau.
    Et je le comprends, c’est un univers qui doit être bien passionnant.
    Au moment où j’écris ce commentaire, je pense à Kenneth White que j’ai vu l’année dernière en conférence. Un voisin géographique de mes origines. Un voyageur qui géopoétise dans le monde entier…

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  2. Pour lire quelques pages d’Alex Hughes, http://books.google.com/books?id=Z9WgPMZLNg0C . Son éditeur est assez malin pour laisser voir une vingtaine de pages, et faire désirer les 100 autres.
    Ildikó Bellér-Hann http://books.google.com/books?id=NKCU3BdeBbEC

    Même chose pour Charles Fordsick sur Segalen http://books.google.com/books?q=+inauthor: »Charles+Forsdick » (heureusement, vu le prix de ses livres, on peut feuilleter avant !) .
    Je suis très ignorant, mais j’ai l’impression qu’il n’y a rien de semblable en langue française (en attendant la thèse du Précaire Sage, bien sûr).

    Est-ce que quelqu’un apportera un exemplaire des rapports d’officiers adressés à l’empereur à Chang’an et à l’empereur à Rome ? J’ai un vague souvenir d’avoir lu quelque part qu’une expédition militaire romaine avait rencontré l’armée chinoise au temps des seconds Han, sans lendemain; ça ne peut pas s’être passé ailleurs qu’au Xinjiang. De quoi combler Etiemble pour qui il n’y a pas de frontière entre l’Orient et l’Occident (c’est peut-être chez lui que j’ai lu ça).

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  3. J’ai des années au compteur, Cochonfucius, mais les pirouettes exigent un certain nombre d’année de pratique.

    Kenneth White, je connais un peu, mais ce que j’ai lu ne m’a pas beaucoup plu. Les options que j’ai tendance à suivre sont fréquemment contraires aux siennes.

    Myopes dans le noir, oui, très drôle Lulu Béron.

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