J’ai quitté il y a peu la superbe maison de banlieue de Rob, un Anglais nord-irlandais expatrié en Californie. Cet homme est la quintessence de ce qu’on entend par « gentleman ».
Avec le football, Henry Purcell et les Monty Pythons, le concept de gentleman est le plus grand apport des Anglais à la civilisation européenne. Un équilibre savant de chaleur humaine, de générosité, de distance polie, de respect fanatique pour la vie privée, de retenue et d’humour. Un mélange de modération et de passion, qui fait du gentleman, non un homme tiède, mais un aventurier téméraire qui ne cherche pas à se la raconter.
Le gentleman est un homme passionnant qui préfère écouter les autres plutôt que parler de lui. Il ne se limite pas à être poli, il sait aussi être intéressant et chaleureux.
Robert m’a invité à venir chez lui alors qu’il ne me connaissait pas. J’étais seulement un ami de ses parents, que j’ai connus à Belfast, et revus dans les Cévennes. Par solidarité familiale, Robert m’a donc ouvert la porte de sa maison pour autant de temps que je le souhaitais. J’ai essayé de ne pas abuser de sa gentillesse, et pour cela suis parti avant la date prévue. Il est des gentillesses qui sont si désarmantes que le sage précaire les trouve incandescentes.
Il est venu me chercher à l’aéroport de Los Angeles et m’a emmené dîner avec ses amis, dans un des restaurants bio de la plage de Venice. J’ai pris un Burger d’agneau. Quelques jours plus tard, il m’a conduit, avec d’autres amis, au concert du supergroup Atoms for Peace, à Santa Barbara.
(Un supergroup, c’est un groupe formé par des membres de groupes déjà connus ; en l’occurrence il s’agissait du chanteur de Radiohead et du bassiste des Red Hot Chilli Pepper.) (Et Santa Barbara, c’est une ville balnéaire à une heure, au nord de LA, et non le titre d’un soap opera.)
Robert vit dans une grande maison, dans une ville de banlieue de Los Angeles. Le nom de sa bourgade est beau comme un mythe : Thousand Oaks (mille chênes). On imagine tout de suite des tribus amérindiennes y fumer le calumet. Les colons européens y ont fait pousser une ville de lotissements et de centres commerciaux extérieurs. Des maisons hors de prix, construites à la va vite, et que le moindre ouragan fera voler en éclats.
Ingénieur dans une grande entreprise de haute technologie, Robert s’est rendu indispensable et s’est vu offrir un job dans la capitale du XXe siècle. Il a choisi cette maison pour une raison étonnante : le sol est couvert de moquette, ce qui est préférable pour ses chiens.
Tous les matins et tous les soirs, les deux chiens (un labrador et un bâtard) sautent dans le coffre de la voiture et vont s’amuser dans un « dog park », à quelques centaines de mètres de la maison. En bordure d’autoroute, dans un lieu trop bruyant pour les humains, la municipalité a cerné par une grille un territoire double, pour les chiens assez gros d’un côté, et pour les chiens tout petits de l’autre. On y croise de magnifiques chiens de race, des dalmatiens, des levriers, des bergers blancs, et autres saint-bernard (celui-ci je l’invente, mais il me fallait un nom de race, et je n’en connnais pas tant que cela).
La communauté des amoureux des chiens se rencontrent ici, et taillent des bavette de gentlemen en atttendant que leurs animaux aient terminé de se renifler le cul.
Et c’est ainsi que se déroule la vie de Robert, au soleil de la Californie, entre ses amis, sa chère et tendre, et ses chiens, dont il sait apprécier les moindres nuances psychologiques.
Merci pour ces bonnes nouvelles !
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Tu croises bcp d’ingénieurs en ce moment, tu vas pouvoir faire une étude sur la vie de l’ingénieur occidental 😀
Personnelement ce sont des études que je ne conseille plus à moins d’être vraiment passionné. Sans parler de la reconnaissance sociale qui a chuté lourdement et sans raison valable à mon avis, c’est une profession pas mal exposée aux ennuis, aux dérives de la mondialisation et du capitalisme industriel. Il y a toujours de bonnes places dans les grands groupes mais ça n’a rien à voir avec ce que c’était il y a 20 ans.
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