Ma grosse voiture de location trouve une place près du Château Marmont, et je ne sais pas dans quel horodateur il faut enfiler les pièces. C’est encore un système à quoi il faut s’acclimater. Au hasard, je mets quelques dollars dans une fente et remonte le boulevard vers la café où j’ai rendez-vous.
Sara m’attend en terrasse. Elle est actrice, mais aussi productrice et réalisatrice à Hollywood. Elle a produit récemment une websérie qui a eu un petit succès, et est en train d’en écrire une nouvelle avec des amis.
Sara est une grande plante, plus grande que moi. Comme tous les gens du « film industry« , elle occupe un emploi alimentaire, au sein du syndicat de la profession. La plupart des agents de cette industrie sont serveurs. Les rôles qu’elle a tenus, et les films qu’elle a réalisés, voire produits, ne lui ont pas rapporté d’argent. A Hollywood, l’immense majorité des travaux effectués le sont à titre bénévole.
Nous mangeons des salades, des fruits et des légumes. Elle n’a qu’une heure à m’offrir, car elle doit retourner au boulot. Je branche mon micro et nous lançons l’interview pour mon reportage radio sur Los Angeles. Sara représente le monde du cinéma.
Selon elle, c’est un monde extrêmement difficile mais qui n’empêche pas d’être heureux. Les loyers étant ce qu’ils sont, elle connaît beaucoup d’acteurs qui dorment sur des canapés, chez des amis, et qui abandonnent après un an passé à Hollywood. Mais elle, elle dit qu’elle « vit le rêve », du fait même qu’elle travaille dans l’industrie du film. Elle ne s’ennuie jamais car Los Angeles est un endroit où il y a toujous mille choses à faire.
Je lui demande ce qui se cache derrière son nom grec : c’est le nom d’un homme qui fut son mari pendant deux ans. Le nombre d’Américains qui se marient pour une courte période est étonnant. Sa grand-mère lui a dit qu’elle était irlandaise et qu’un de ces ancêtres aurait été dans le fameux Mayflower, le bateau de pèlerins anglais et hollandais devenu mythique dans l’histoire des Etats-Unis.
Je me demande combien de familles américaines prétendent encore remonter au Mayflower.
Les Américains issus du Mayflower, c’est comme les Français issus de Saint Louis, ça finit par être un peu tout le monde, du fait des alliances matrimoniales successives.
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