Prima Donna pomodoro

Tomate Solanum lycopersicum L. sur granit White colonial

Nous avons dégusté notre première tomate le 8 juin 2023. C’était un rare délice.

Pour être honnête elle ne fait pas partie de mon potager, des plants que j’ai semés pendant l’hiver dans de petits pots avant de les mettre en pleine terre. Elle est issue d’un plant de tomates précoces (d’où leur nom familier de « Précoce glacier ») que mon frère m’a donné en mars dernier. Je n’ai rien eu à faire qu’à le placer au soleil et l’arroser.

Ma première tomate et sa tartine d’avocat, de fromage de brebis et d’harissa.

Théorie du soulèvement (4) brûler le printemps avec le gaz trop cher

Ma dernière facture de gaz pour les mois de mars et d’avril 2023 : 820 euros. Les mois d’hiver sont passés, nous ne chauffons plus l’appartement, et nous devrions payer plus de 400 euros par mois ? Persuadé que c’est une mystification, j’appelle mon fournisseur pour qu’il rectifie cette erreur. Hélas, c’est la triste vérité. La dame africaine qui était à l’autre bout de la ligne, payée elle aussi une misère pour m’expliquer que c’est le coût normal des choses, qu’on ne peut rien faire, que mon choc vient de la fin des aides de l’État sur les factures de gaz, cette dame doit recevoir toute la journée des appels furibards et des insultes exaspérées.

820 euros me seront débités en juin pour avoir utilisé le gaz de ville dans un appartement de 90 m2, dans lequel vivent seulement deux personnes raisonnables. Cela seul me donne envie de brûler la sous-préfecture. La femme que j’aime a pleuré de dépit et m’a dit quelque chose qui m’a bouleversé : « C’est la première fois que nous avons des problèmes d’argent depuis que nous nous connaissons. » Nous nous en sortirons, mon amour.

Oui, nous, les sages précaires, nous en sortirons car nous sommes malins et nous retournerons dans des pays étrangers.

Mais le gros de la population, surtout ceux qui ne sont pas précaires, mais qui ont une situation stable. Ce gros de la population française, petite bourgeoisie massive qui rembourse des crédits à la banque, ne va pas supporter ces nouvelles factures. Si moi, qui suis libéral et social démocrate, j’ai des pulsions de révolte, on peut imaginer les courants de colère qui vont enflammer le peuple des gilets jaunes, des abstentionnistes sourcilleux, des anti-vax jusqu’au-boutistes, des électeurs d’une gauche radicale, ou d’une extrême-droite décomplexée.

Sensation que ce printemps 2023 va être explosif.

Quand un salaire minimum entier doit être dépensé pour les factures, le transport, le loyer et les assurances, qu’il ne reste même plus rien pour manger, on sait ce qui se passe. Dans un pays où trente millions d’habitants vivent avec moins de 2000 euros par mois. Point n’est besoin d’être devin pour s’attendre à un soulèvement majeur.

Premières mises en terre des plants de 🍅

Je sais qu’il est un peu tôt pour les mettre en terre. On me dit qu’il est préférable d’attendre le mois de mai pour éviter les derniers frimas. Je tente ma chance avec deux plants tandis que je garde les autres à l’intérieur.

Mon plan consiste à mettre en terre de manière échelonnée pour expérimenter. Le but est de produire des tomates le plus tôt possible, dès que les beaux jours seront installés.

Je vous tiendrai au courant de l’évolution de la situation.

Mise en terre 12 avril 2023

Un beau mois de juillet

Hannah Arendt sur le chantier de notre appartement

Ces vacances d’été n’ont de vacances que le nom.

Le sage précaire passe un mois de juillet 2022 extrêmement laborieux et studieux. Quand il ne travaille pas dans son appartement, il écrit des conférences et des articles. Quand sa femme ne fait pas de la maçonnerie, elle travaille sa thèse. Quand ils ne se rendent pas au café pour avoir de l’internet, le sage précaire et son épouse décapent, vissent, scient, posent, font du carrelage, plaquent, consolident, assemblent, peignent, vernissent, construisent, gondent et dégondent, bref apprennent les métiers du bâtiment.

Non seulement le sage et son épouse partagent les travaux du même appartement, mais en outre, ils écrivent sur un sujet assez proches et en viennent à lire des sources voisines. En conséquence, il leur arrive de discuter sur Hannah Arendt le matin, de se disputer sur des étagères l’après-midi, de se réconcilier pour faire la sieste et de relancer une discussion au soir tombé sur l’opposition entre « désolation » et « isolement ».

Pourquoi aller sur une plage ?

Histoire de l’aid : une mosaïque inattendue

Je vais vous raconter une histoire qui ne pouvait nous arriver que le jour de l’Aid. Fête musulmane majeure.

Tout commence il y a deux jours. Nous achetons pour une poignée d’euros des carreaux de vieilles faïences. Dieu sait ce que mon épouse planifiait de faire avec ces carreaux.

Arrivés à la maison nous jetons un œil sur la faïence et réalisons que c’est une sorte de puzzle. Il y a des motifs et nous essayons de composer des fleurs, des détails architecturaux et des lignes qui semblent être des tiges.

Petit à petit nous voyons apparaître un tableau charmant. Une porte orientale sous un ciel étoilé. J’y vois, personnellement, une porte de mosquée. À l’intérieur, plutôt que des jets d’eau qui servent aux ablutions, un jaillissement de végétaux et de fleurs.

Chemin faisant, nous vîmes que les carreaux étaient made in Tunisia.

C’était notre cadeau de l’Aid. Un Signe envoyé par le tout-miséricordieux pour nous encourager dans nos efforts de rénovation.

Notre joie fut intense et durable. Joyeux aïd à tous. Que votre vie soit pleine de surprises et de trésors inattendus.

J’ai épousé une maçonne

Mon épouse en plein travail, hiver 2022

Dans la vie on épouse des gens sur des critères flous. Les précaires, souvent, ne jugent leur moitié que sur des qualités de beauté physique, de gentillesse d’âme et d’humour bien balancé. Les gens mieux établis songent à la fortune, aux héritages et au prestige de leur promis.es.

Les travaux que nous entreprenons dans notre appartement cévenol ont révélé des natures et des talents. Mon épouse, par exemple, s’avère une excellente maçonne. Je l’ai vue un jour s’amuser à faire une mosaïque de cailloux sur un mur extérieur avec des restes de ciment qui traînaient sur le chantier.

Mon premier mouvement fut de me moquer d’elle amoureusement. Regardez-là, elle et ses lubies. Comme elle est mignonne avec ses jeux d’enfant sérieux.

Puis en la regardant plus longtemps, je me suis aperçu qu’elle maniait la spatule avec une certaine expertise. Elle savait quelle force exercer pour faire tenir du mortier sur le mur. Je ne sais pas, elle avait l’intuition du bon geste de maçon.

Cela s’est poursuivi dans l’appartement, où elle boucha des trous et traita des murs pour les rendre aptes à être peints.

Elle ne s’arrêta pas en si bon chemin. Cela fait maintenant deux ou trois mois qu’elle dirige les travaux de carrelage et de faïence. Elle n’a peur de rien. Elle me dit que faire pour couper les carreaux et pour mélanger les enduits, et elle suit son inspiration guidée par le génie de ses mains.

Nous faisons des kilomètres pour acquérir des éléments de carrelage qui conviennent au goût de mon épouse et j’en porte des tonnes jusqu’à notre terrasse. Nous n’en achetons jamais dans les magasins. Nous nous débrouillons pour trouver des chutes, des restes, des trucs d’occasion ou abandonnés. Ou alors nous portons nos pas chez Emmaüs qui reçoit chaque semaine de nouveaux arrivages de carrelage et de faïence plus ou moins neuf qu’il brade pour presque rien.

Et c’est ainsi que nous devenons maçons, carreleurs et architectes d’intérieur sans avoir jamais rien appris en la matière.

Regarde la poutre dans ton oeil

Une histoire de poutres. Dans mon vieil appartement, elles datent du XIXe siècle. Quand je l’ai acheté, elles étaient cachées sous des couches de plâtres et un coffrage en bois qui donnait l’impression qu’elles étaient massive. Parmi tous les artisans qui venaient faire des devis, personne ne savait si c’était du bois, du métal ou autre chose.

On me disait de ne rien toucher et de tout recouvrir par un faux plafond en « placo ».

N’écoutant que mon instinct, et après avoir vu l’appartement de ma voisine, j’ai décidé de les déshabiller de leur gangue de bois et de plâtre. Je les décape, les ponce et les fais revivre.

Nous découvrons des poutres blessées, scarifiées, martyrisées. Elles ont subi des entailles profondes pour fixer le plâtre. Elles sont pleines de cicatrices qui, à mes yeux, ne les rendent pas laides mais touchantes et héroïques.

En les décapant, je vais essayer de réduire la profondeur des cicatrices et, si possible, les leur donner une patine qui les réduira au rang de nobles rides. Dans tous les cas de figure, mes poutres donneront un visage buriné à l’appartement, un visage de vieil acteur pris en photo dans les studios des années 1950, date à laquelle les entrepreneurs cachaient les structures de bois et de pierres sous des faux murs et des faux plafonds pour faire plus propre, plus moderne et plus américain.

Les poutres, ce n’est pas seulement de jolies longueurs de bois. C’est aussi un témoignage poignant sur la résistance à la masse, à la gravitation, au poids de la matière.

Mon appartement sera plus qu’un autre un chant à la difficulté de (se) tenir debout.

Une nuit à l’opéra de Mascate

Nous traînons sur l’esplanade minérale qui fait face à l’entrée. Des familles et des couples se prennent en photo. Hajer dit que l’architecture fait penser aux forts traditionnels d’Oman. Je trouve que la forme fait plutôt penser à une mosquée déstructurée. Cela revient probablement au même.

Ou plutôt, ce à quoi je pense quand je considère l’opéra de Mascate, c’est à une pierre précieuse taillée et fermée sur elle-même. Un gros diamant crémeux, fait pour attirer les foules, mais qui garde son énergie pour ceux qui sont à l’intérieur. De fait, quand nous entrons, la lumière et les couleurs sont splendides. Ocres, moirées, satinées, elles baignent la démarche d’Hajer d’un velours doré.

Nous sommes en avance. Nous en profitons pour nous promener dans les travées et le magnifique hall central du bâtiment. Comme souvent dans les opéras, un effort particulier est accordé à l’escalier central. Le tapis rouge est très agréable au pied et à l’œil. L’architecture intérieure est tellement riche que nous ne nous ennuyons pas une seconde à regarder les détails, les moulures, les marquèteries et les peintures.

Hajer est infiniment adéquate à ces lieux. Elle se trouve elle aussi sur une ligne de fuite globalisée, harmonieuse et détonante, occidentalisée et arabisante. Une Sissi impératrice dans son décor naturel. Je complimente Hajer sur sa robe de soirée.

Où l’avons-nous achetée ?

C’est moi qui l’ai faite, dit-elle. J’ai acheté ce tissu au souk de Seeb

Et tu l’as fait faire par le tailleur de Birkat al Mouz ? 

Oui, cette partie-là c’est le Bangladais qui l’a faite, mais comme il a commis des erreurs, j’ai fait faire des retouches aux jumeaux indiens.

Tu sais que tu es un génie ?

Ne dis pas des choses comme ça. Tu vas attirer le mauvais œil.

Mon épouse possède un talent de styliste extraordinaire. Elle fait les choses silencieusement, pour son usage personnel, sans autre arrière-pensée que d’enrichir sa garde-robe et de rendre son mari présentable aux yeux du monde. Chaque semaine, j’accompagne Hajer chez des tailleurs de notre oasis et je l’attends en lisant des livres, assis à côté de la porte de sortie. Je m’intéresse peu aux travaux que réalisent ma femme et ces travailleurs indiens, mais leur coopération est visiblement fructueuse. Je pensais qu’ils procédaient seulement à des retouches un peu complexes, mais en réalité ils créent de petits chefs-d’œuvre de mode, des robes qu’Hajer exhibe humblement à l’opéra, l’endroit le plus habillé d’Oman. 

Les spectateurs arrivent. Le Tout-Mascate défile, bien maquillé, à talons hauts. La nouvelle salle de concert est petite et très jolie. Elle est décorée de motifs floraux en marquèterie. La fosse à orchestre ne peut contenir que des formations de musique de chambre. On y est confortablement installé. La production de la Flûte enchantée est dans l’ensemble satisfaisante. Hajer est plus enthousiaste que moi, et mettra beaucoup de musique dans la voiture sur le chemin du retour.

Ma mosquée préférée en Oman : Shawadhna, à Nizwa

Naima Benkari a écrit de belles pages sur cette mosquée dans son monumental ouvrage sur les mosquées ibadites, et c’est elle, Naima, qui m’a expliqué où se trouvaient les mosquées les plus intéressantes de Nizwa.

Je m’y suis essayé à plusieurs reprises pour trouver la mosquée Shawadhna. Personne de notre connaissance n’avait eu vent de vieilles mosquées intéressantes. Les livres du genre guides touristiques n’en touchaient pas un mot.

Pas un mot. À croire que les touristes et les voyageurs ne peuvent pas être musulmans. Ou que les musulmans ne peuvent pas être touchés par l’histoire, la culture et l’architecture anciennes. Sur internet, rien non plus à part un un site spécialisé dans la culture et l’architecture islamiques, qui présente des photos ravissantes et une description écrite en anglais. Cela n’est pas encourageant car il semblerait qu’aucun visiteur lambda, aucun blogueur, aucun influenceur quelconque n’a jamais parlé de la mosquée Shawadhna, alors que les photos et les commentaires abondent à propos des grandes mosquées de Mascate.

Rien n’indique de l’extérieur qu’il s’agit d’une mosquée. Vous marchez dans une ruelle de la vieille ville, vous êtes environné de maisons dont beaucoup sont en ruine, et vous ne voyez nulle trace de bâtiment religieux. À force d’efforts, on l’a trouvée grâce à un concours de circonstance.

Je parcourais la ruelle en question avec Hajer lorsqu’un Omanais passa près de nous avec une assez grosse clé. Nous eûmes l’intuition qu’il était imam. En effet, il nous expliqua que pour entrer dans la mosquée il fallait ouvrir cette porte qui menait à un escalier. Cachée dans le tissu urbain, nichée dans une maison anonyme, en haut de cet escalier étroit, se trouvait la plus belle mosquée qui m’ait été donné de voir. Ce monsieur, Cheikh Mohammed, nous fit le plaisir d’ouvrir la porte pour que nous puissions prier et visiter.

Nous sommes d’abord passés par la salle d’eau pour faire nos ablutions. Pour s’assurer de ne rien salir et d’être au plus près d’un état possible de pureté, nous nous lavâmes les mains, la bouche, le nez, le visage, les oreilles, la tête, les avant-bras et les pieds.

Cheikh Mohammed nous accompagna et nous assura que la Masjid al Shawadhna datait du septième siècle de l’hégire. D’après mes recherches, et notamment celles de Naima Benkari, elle daterait plutôt du dixième siècle de l’hégire, c’est-à-dire du XVIe siècle de notre ère. Ce n’est pas la plus ancienne mosquée d’Oman, loin de là, mais celle dont la décoration est la plus extraordinaire. Quatre large colonnes basses soutiennent le plafond partiellement voûté de la salle de prière.

La salle de prière est assez petite, je dirais 30 m2, ce qui contraste avec la mode actuelle du gigantisme architectural.

Les portes d’entrée font face aux fenêtres qui donnent sur la ruelle. Quand vous entrez, le mur sur votre gauche est le mur de la Qibla (celui qui indique la direction de la Mecque). Ce mur est de toute beauté, c’est vers lui que nous nous sommes d’emblée dirigés, émerveillés et frappés de surprise. Je n’imaginais pas trouver dans un vieux quartier en ruine de Nizwa un joyaux aussi bien préservé.

Le mur de la Qibla est sculpté dans la pierre de motifs géométriques et de motifs végétaux. Cet art des entrelacs me fit penser aux décorations celtes du Book of Kells d’Irlande, ou aux enluminures chrétiennes des évangéliaires médiévaux. Les couleurs ont presque disparu mais on perçoit encore le bleu-vert des céramiques incrustées et des ocres rougeoyants des peintures persistantes. Tout cela donne une patine magnifique.

Tout en haut du mur de la Qibla, des lettres arabes sculptées que j’essayais en vain de déchiffrer. Hajer vint m’aider : il s’agit de la profession de foi, la Chahada : « Il n’y a pas de Dieu autre que Dieu, Mohammed est messager de Dieu. » Le nom du prophète, au centre exact de la ligne, est comme entouré d’une auréole.

On entendait en contrebas les gens passer dans la ruelle. Ils ne nous voyaient pas, même quand on se penchait dehors, car la salle de prière est à l’étage. Sensation d’isolement sans être séparé du monde. C’est l’endroit le plus adéquat pour se reposer et méditer. Je pourrais rester ici le restant de mes jours.

Le musée des sciences, GUTech Mascate

Carte du monde d’Al Idrissi, orientée sud/nord, Sicile, 1154.

Quelle émotion de voir la grande carte du monde écrite en arabe, commandée par le roi normand Roger II de Sicile au XIIe siècle. Cela fait des années que j’utilise cette carte, ou des segments de cette carte, dans mes conférences et mes cours. Ici, au musée des sciences de l’université allemande de Mascate, une grande table présente un fac-similé de la mappe-monde créée par le géographe Al Idrissi. Émotion due notamment au fait qu’elle était si grande : je me l’étais confusément représentée comme un poster que l’on punaise sur un mur de chambre d’adolescent. En réalité elle mesure plusieurs mètres de long. Ses couleurs rehaussent l’intérêt que le voyageur lui porte : les mers et océans sont bleus, les fleuves rouges, les montagnes ocres.

Le bâtiment du musée, sur le campus de l’université allemande de Mascate

Et comme le montrent les pliures visibles sur cette image, la carte était contenue dans un livre. Au Moyen-âge, on ne dépliait pas cette carte, on la lisait région par région, agrémentée d’un texte d’Al Idrissi qui expliquait la géographie du monde à la manière d’un guide du routard, basé sur des informations récoltés auprès des voyageurs qui faisaient escale en Sicile. Roger II, roi d’origine normande (il est né près de Coutance, de la Maison de Hauteville), a voulu cette Géographie en langue arabe car au XIIe siècle c’était la langue de science et de culture la plus raffinée, la plus solide. Nul doute qu’à la cour de Roger, à Palerme, on parlait l’ancien français, l’arabe et d’autres dialectes méditerranéens.

Qu’on me laisse rêver sur la Sicile arabophone de mon compatriote Roger. En tant que Thouroude, je me sens toujours affilié à ces anciens Normands qui – tel Jean de Courcy à Belfast – sont partis de chez eux à l’aventure pour fonder des colonies aux quatre coins du monde connu. Mais je m’égare. Retour à Mascate, dans la toute jeune German University of Technology (GUTech).

L’animatrice qui m’a accompagné vers la sortie m’a dit que j’étais le « troisième visiteur » depuis l’ouverture du musée. Je ne suis pas sûr de cette information qui, de toute façon, n’a aucune importance. Toujours est-il que le jour où j’ai effectué cette visite au History of Sciences Centre, j’étais bien le seul. Deux jeunes femmes se sont relayées pour me faire visiter les huit sections du musée. C’est peu de le dire, on se sent bien pris en main dans ce musée. Une femme vous accueille en haut de l’escalier central pour dire ce que vous allez voir, une autre vous parle de mathématique, et la première vous reprend pour vous parler des étoiles. Que demander de mieux ?

Il y avait des disciplines que je connaissais : géométrie, algèbre, géographie, astronomie, optique. Et d’autres que je serais plus en peine de décrire, d’expliquer et même de nommer : la construction navale ? La manière dont les Omanais ont construit leurs bateaux. La cinétique ? Des trucs concernant le mouvement d’autres trucs. La statique ? Des trucs qui ne bougent pas mais qui sont mesurés et qui font bouger d’autres trucs à leur tour.

Dieu que j’aime les musées. Le sultanat d’Oman en compte trop peu, j’ose le dire. Quand on voit le nombre de boutiques qui ferment dans les Malls trop nombreux, on se dit que les Omanais aspirent à autre chose qu’au lèche-vitrine. Qu’on leur offre des lieux de promenade culturelle.

Bravo à GUTech pour cette belle réalisation dont j’espère qu’ils retireront tout le prestige qu’ils méritent. Et que cela inspire les autres universités du pays !