Tabuk, des découvertes en cascades

Regardez ce mouvement du chasseur ! La gravure rupestre que je place en tête de ce billet m’est apparue dans un chaos de rochers dans la région de Wadi Disah. Mon vieil ami bédouin, après m’avoir fait crapahuter, avait de nouvelles surprises à me révéler.

Les ancêtres néolithiques des Arabes savaient créer de véritables scènes de cinéma. Homme armé et protégé d’un bouclier, le lion semble être sur la défensive. Cela ressemble autant à une chasse qu’à un combat de gladiateurs préhistoriques, où un homme seul affronte une bête féroce.

Cette autre gravure m’intéresse pour cette ligne ondoyante au centre de l’image. J’ai spontanément songé que c’était une stylisation de la rivière ou du wadi qui séparait deux paysages, deux tribus ou deux systèmes de chasse.

Il m’a paru évident que c’était un ancêtre épigraphique des hiéroglyphes d’Egypte. Un long signe qui participe à la fois de la représentation et de la signification.

À moins que ce ne soit un serpent monstrueux, une espèce de monstre du Lochness arabique. Un être mythique qui tient du dragon chinois et qui préside à la création de l’univers.

C’est l’avantage et la limite de découvrir des sites archéologiques. Il n’y a aucune raison de s’interdire a priori la moindre interprétation.

Notre pérégrination avec l’ancêtre bédouin Abu Mahdi nous mena vers une mosquée perdu au pied d’un montagne. C’était l’heure de prier.

Il y avait assez d’eau dans les citernes pour faire nos ablutions et nous nous refîmes une virginité avec quelques traits de filet d’eau éclaboussé et une demie-douzaine de versets coraniques chantés et psalmodiés.

Sortis de la mosquée, nous avions encore de nombreux paysages à traverser et Abu Mahdi s’impatientait car il était le seul à savoir tous les trésors nabatéens qu’il nous restait à découvrir. Comme il ne nous disait rien à l’avance, je croyais à chaque minute que c’était la fin du voyage et qu’on avait fait le tour des découvertes.

Seule la tombée du jour a pu sonner la fin de notre excursion.

Wadi Disah, Province de Tabuk, Arabie Saoudite : la vallée où l’eau parle aux pierres

Intéressé d’en savoir plus sur les Bédouins, j’ai eu la chance de rencontrer un ami à Tabuk qui m’a proposé de m’emmener voir un paysage stupéfiant, à quelques heures de route : le Wadi Disah.

Il m’a dit qu’il y avait de l’eau.

On peut nager ?

لا، الماء سطحي جدًا، فقط منظر جميل.

(Non, me dit-il, l’eau est trop superficielle, juste belle à regarder.)

Il devait de toute façon conduire sa mère voir une amie dans le coin, et peut-être que ses enfants viendraient aussi. Résultat : nous voilà partis tous les trois, lui au volant, sa mère à l’arrière, moi entre deux mondes.

Sa mère aime parler. Elle rit, taquine son fils, me pose des questions. À un moment, elle me complimente sur mon arabe, avec ce ton attendri qu’on réserve aux enfants quand ils ont dessiné une horreur sur une feuille.

ما شاء الله، تتكلم عربي ممتاز!

(Machalla, dit-elle, tu parles arabe superbement!), mais je sais très bien que « ممتاز » (Mumtaz, superbe) veut dire en l’espèce : « c’est mignon d’essayer ».

Nous nous arrêtons quelque part entre deux montagnes pour déposer la maman. Elle disparaît derrière un mur de pierre, avalée par le paysage. Alors commence une autre scène : on s’installe sous une tente bédouine, sur des coussins aux couleurs à dominante rouge.

On me présente le chef de cette famille, Saleh, qu’on appelle Abu Mahdi — le père de Mahdi. Sa poignée de main est ferme, son regard calme. Il parle peu, car il sait que je comprends peu et ne peux exprimer que très peu.

Nous attendons longtemps, très longtemps. Je pense à plusieurs hypothèses, puis je comprends : on a tué une chèvre à l’annonce de notre visite. Le temps de la préparer, de la bouillir, et de prévenir des convives du villages, il s’est écoulé une bonne partie de la journée. Et quand enfin on nous sert ce festin, non pas sous la tente mais dans un salon où l’on s’assoit par terre, je ressens à la fois la générosité et la gravité de ce geste : une hospitalité qui se mesure en vie donnée.

La chèvre est découpée sur un gros tas de riz parfumé jonché de galettes de pain qui semblent aussi être bouillies et non cuites au four. Un seul plat gigantesque autour duquel nous mangeons à la main. Tout est de couleur blanchâtre et la consistance glutineuse du riz facilite cette manière de table : on se forme des boules de riz dans la paume avant de la porter à la bouche.

Quand nous terminons et allons nous laver les mains et la bouche, les jeunes hommes entrent dans le salon, s’assoient et continuent le repas. Il y en aura pour tout le monde et c’est un vrai festin.

Après le repas, nous reprenons la route du wadi, accompagnés d’Abu Mahdi, qui se proclame connaisseur du lieu. Notre 4×4 s’engage dans un couloir de sable et d’eau, l’un de ces passages où le désert hésite entre sécheresse et oasis. Les roues trempent dans de véritables mares, les roseaux s’écartent, des familles et des bandes de jeunes pique-niquent sous les palmiers et sur des rochers.

Je propose qu’on laisse la voiture pour marcher.

On me répond en répétant simplement ma demande, mais sans arrêter la voiture.

Le paysage est d’une beauté à laquelle je ne m’attendais pas : de hautes falaises dorées et rougeoyantes, des jeux de lumière sur le calcaire, un ciel bleu cru et, en contrebas, une verdure éclatante qui semble presque tropicale.

Abu Mahdi, malgré son âge, bondit hors du véhicule et commence à escalader une paroi. Il me dit :

تعال! اتبعني!

(Viens ! Suis-moi !)

Je le suis quelques mètres avant que le vertige ne m’arrête. Ce sexagénaire grimpe comme un jeune cabris. Il rit en me voyant hésiter, me lance une main solide, puis me montre du doigt une ouverture dans la roche.

Nous contournons la falaise, et soudain elle s’ouvre devant nous : une grande anfractuosité, creusée par l’eau depuis des millénaires. Une nef de pierre, une minuscule cathédrale naturelle, où la lumière filtre comme à travers des vitraux invisibles.

Je me dis que c’est sans doute pour ça que les Bédouins parlent peu.

Les plantes qui apaisent au Musée Cévenol

Vue du vieux pont du Vigan, depuis le Musée Cévenol. Août 2025

Le musée du Vigan présente une intéressante exposition sur les plantes médicinales, alliant œuvres d’art, manuscrits anciens et artéfacts de tout genre.

Le musée lui-même vaut le détour pour tout ce qu’il recèle de connaissances ethnologiques et historiques. Si vous passez par les Cévennes, ce que tout le monde fait au moins une fois dans sa vie, vous apprécierez vivement une promenade dans cette ancienne maison fraîche en bord de rivière.

Si vous n’appréciez pas le Musée Cévenol, si vous pensez que la visite ne vaut pas le prix du ticket d’entrée, commentez ce billet de blog et je vous rembourserai les cinq euros de la main à la main, en vous regardant droit dans les yeux pour vous faire honte.

J’ai particulièrement aimé les manuscrits de récits de voyage, effectués par des médecins des Lumières. En pleine Révolution, ils herborisent comme Jean-Jacques et affirment que Le Vigan, l’été, « est un séjour délicieux », notamment grâce à son air pur, son eau salubre, ses châtaigniers, ses pommiers et ses poissons.

Dans les Montagnes d’Arabie. D’Al Baha à Dhee Ayin

Le sage précaire fatigué dans un cadre islamique. N’ayant pas pris de photo d’Al-Baha, j’ai pensé que ce portrait pourrait illustrer avantageusement un récit de voyage en montagne arabique

Al-Baha, capitale de la province du même nom, je l’ai visitée dès l’aube. L’altitude coupait ma respiration, ce qui me réveillait et entrecoupait mon sommeil. Je me suis donc baladé à la recherche d’un café ouvert. C’est un endroit sympathique, mais ce n’est pas vraiment une ville. Je n’ai pas identifié de centre-ville. Je regarderai plus précisément l’histoire de cette cité, qui semble être plutôt un centre agricole, avec énormément de champs en terrasses dans les collines qui l’entourent. Cela a plutôt l’air d’être un grand centre d’échanges, de marchés et de commerce pour les produits agricoles.

Les parcs y sont très importants, apparemment. Beaucoup d’investissements ont été faits dans ces espaces, qui sont agréables, mais qui manque d’eau. Le musée régional est fermé, mais il promet d’être magnifique, car l’architecture est très impressionnante. Elle ressemble à un cylindre incliné. Ce qu’on peut en voir de l’extérieur est assez grandiose. Les grandes baies vitrées permettront aux visiteurs de faire communiquer l’exposition avec les montagnes environnantes, car le musée est situé en haut d’un piton rocheux. Tout autour, comme je l’ai déjà dit, on trouve des fermes avec des champs en terrasses.

J’ai trouvé, à force de discussions, le nom et le numéro de téléphone d’un homme qui accepte de me conduire et de me faire découvrir la région autour de la ville. En particulier, je désirais ardemment visiter le village de Dhee Ayn. Je ne savais pas exactement où c’était, mais les photos que j’avais vues m’intéressaient beaucoup. C’est un village en pierre sèche qui semble assez extraordinaire. Et lui, Saïd, me conduit. Le prix est assez modeste.

Chose à savoir pour ceux qui voudraient visiter l’Arabie saoudite : cela ne coûte pas très cher d’avoir un accompagnateur connaisseur, qui parle anglais, un Saoudien de la région, très sympathique et très serviable. Pour cent ou deux cents euros, on peut s’assurer une journée entière de découvertes dans des endroits non desservis par les transports en commun et peu connus du grand publics. Il me conduit vers ce village, qui se trouve en fait au fond de la vallée. Il y a une route toute neuve, creusée dans les années 1980, avec de nombreux tunnels. Il faut au moins une demi-heure pour que la voiture la parcoure en entier.

Quand on arrive en bas, on a une sensation très étrange : un village de pierre sombre sur un massif rocheux blanc.

Dhee Ayin, province d’Al-Baha

Il y a quelque chose de très fort, de très grand. Le village a été entièrement rénové, mais de façon respectueuse. On ne voit pas de traces de ciment ou de mortier. Il n’y a guère que la mosquée à laquelle on a ajouté un minaret. Mais à part cela, c’est très sobrement réalisé.

La chaleur est absolument suffocante, car on descend de plusieurs centaines de mètres d’altitude. Mais surtout, après cette visite d’une architecture dont je ne sais pas s’il faut la qualifier de vernaculaire, Saïd me fait découvrir que la visite ne s’arrête pas là. Il faut encore descendre sur le côté pour rejoindre la source d’eau. Car le nom du village, Dhee Ayn – “Ayn” en arabe signifie “la source” – évoque justement cela.

Effectivement, il y a un contraste frappant entre la sécheresse, la minéralité du village, et la verdure en contrebas : cultures de café, d’arbres fruitiers et de fleurs, là où les habitants se lavaient et s’approvisionnaient en eau potable. Le paysage de cette eau qui coule dans un falaj, avec des sycomores gigantesques, des manguiers et d’autres arbres fruitiers, est véritablement paradisiaque. Il semblerait qu’il soit autorisé d’y camper, si l’on demande la permission.

Ce village a quelque chose de vraiment majestueux. Cet ensemble dégage une grande noblesse. Je mets en doute l’idée selon laquelle il aurait été occupé par de simples paysans. Je pense qu’il s’agissait d’un clan d’une grande importance. Il y a, je ne sais combien de centaines d’années.

Mon ami Saïd me dit : “Tu as sans doute vu sur Internet que Dhee Ayn a été construit il y a 400 ans. C’est faux.” Selon lui, la réalité est bien plus ancienne. Il m’en donne pour preuve des inscriptions en pierre, rédigées dans une langue antérieure à l’arabe. Ce serait donc un village datant de l’ère préislamique. Mais je n’ai pas d’opinion sur la question. Je ne suis convaincu par aucune théorie jusqu’à présent.

Ce dont je suis certain, c’est que cela devait être un lieu habité par une famille puissante, un clan influent, ou peut-être même une famille royale, qui venait ici pour profiter de la source. Il se dégage des lieux une grande noblesse. Dhee Ayin a des airs de château fort médiéval.

Deux films de 2015, deux humeurs contraires

Aujourd’hui, j’ai vu deux films sortis exactement la même année — 2015 — mais que tout oppose, à moins que ce soit moi qui m’opposais à presque tout.

Je m’exprime mal, c’est la faute à la canicule. Je reprends. Les deux films que j’ai vus ne sont pas opposés ; au contraire ils relèvent plus ou moins du même genre et ils prétendent au même type de poésie et d’humour. Mais mon humeur a changé du tout au tout en passant de l’un à l’autre.

J’ai commencé la journée avec Valentin Valentin de Pascal Thomas. Dès les premières scènes, une irritation m’a gagné. Quelque chose m’agaçait. Une écriture trop visible, trop programmée. Et puis un regard non seulement masculin (toutes les femmes sont amoureuses de Valentin), mais masculin vieillissant : je ne sais rien de plus gênant que les septuagénaires libidineux qui pensent proposer quelque chose de frais avec des jeunes femmes énamourées dans leur film. Et quand ils les dénudent, je dis stop.

Mon agacement était surtout esthétique, dans la mesure où, chez moi, les théories philosophiques passent d’abord par l’instinct et ce que Spinoza appelait « les affects », pour parler du premier genre de connaissance. Alors qu’est-ce qui m’irritait tant dans les plans qui se succédaient devant moi ? L’impression de suivre un plan de scénariste, scène après scène, case cochée après case cochée, comme si l’histoire ne vivait que pour être déroulée mécaniquement. Chaque événement semblait télécommandé : un couple se sépare, donc il faut une crise de nerfs. Mais on n’en a pas envie, on ne la sent pas, on n’y croit pas à cette crise de nerfs. Je parlais tout seul devant mon écran : « C’est bon on a compris, ils se séparent et lui n’est pas content, passons au prochain épisode à quoi cela est censé nous conduire. » Ce n’est pas que le film soit mauvais. J’ai tenu jusqu’au bout, preuve que quelque chose me retenait. Peut-être justement parce qu’il y avait des choses réussies — ce qui n’est pas étonnant quand on sait que quatre scénaristes ont collaboré au film, dont Pascal Bonitzer, que j’estime beaucoup, comme critique autant que comme cinéaste.

Et puis est venu le second film de la journée : Comme un avion de Bruno Podalydès. Même climat, effet inverse : un homme avec plusieurs femmes, un homme un peu paumé, mais qui a beaucoup de charme. Sauf que Comme un avion m’a plutôt calmé les nerfs, m’a parfois fait sourire et m’a même procuré de l’émotion.

Là un dard venimeux

Là un socle trompeur

Plus loin

Une souche à demi trempée

Dans un liquide saumâtre

Un homme d’une cinquantaine d’années (en crise, probablement), décide, un peu sur un coup de tête, de partir en kayak. Le récit est d’une simplicité désarmante : une balade au fil de l’eau, une souche, une clairière, une halte prolongée dans une communauté campagnarde douce et fantasque. Une femme mûre, veuve, le traite mieux que bien… Rien d’extraordinairement original — nous avons tous eu ce genre de rêverie en marchant dans les bois ou en longeant une rivière : rencontrer quelqu’un, tomber amoureux, vivre au ralenti, oublier ses obligations et son travail.

Et puis…

L’inévitable clairière amie

Vaste, accueillante

Mais ici, une poésie authentique s’impose. Sans prétention, et avec une grande maîtrise des outils cinématographiques. Peut-être parce que le film ne semble obéir qu’à une seule voix, une seule plume, un seul désir : celui de Bruno Podalydès. Rien à voir avec les structures narratives trop bien huilées de Pascal Thomas. Le récit semble s’épanouir librement depuis un foyer unique, au rythme du kayak qui glisse sur l’eau.

Les fruits à portée de main

Et les délices divers

Dissimulés dans les entrailles

D’une canopée

Plus haut que les nues

Et puis il y a la chanson de Bashung, Vénus, qui revient à plusieurs reprises comme un motif discret mais entêtant. Chantée au ukulélé sous une tente, au bord de la rivière, puis encore, dans un travelling final magnifique, elle accompagne le retour du kayakiste vers sa femme. Un retour où l’on comprend qu’il a accepté. Accepté l’infidélité de sa compagne. Et aussi la sienne. Accepté que vieillir, c’est aussi renoncer à certaines illusions, mais pas à toutes.

Elle est née des caprices

Pommes d’or, pêches de diamant

Des cerises qui rosissaient ou grossissaient

Lorsque deux doigts s’en emparaient

C’est un film sur la fidélité et l’infidélité — à soi, à ses rêves, à son couple. Un film qui apaise parce qu’il montre que l’on peut traverser la crise sans tout casser. Que les désirs peuvent s’exprimer autrement que dans le fracas. Le personnage principal, employé de bureau rêveur, trouve dans le kayak une métaphore modeste du vol : lui qui aurait voulu voler, prend le courant. L’eau comme dernier refuge d’une vie un peu trop terrestre.

Toutes ces choses avec lesquelles

Il était bon d’aller

Guidé par une étoile

Peut-être celle-là

Première à éclairer la nuit

Il y a quelque chose du sage précaire dans cet homme. Quelqu’un qui reste fidèle à ses rêves d’enfant, même s’ils se réalisent en version réduite et brinquebalante. Et sa femme, belle et vieillissante, semble l’accepter, avec patience, tendresse, et depuis ses propres détours sentimentaux. Car il y a beaucoup d’affection entre eux, malgré les écarts.

Guidé par une étoile

Peut-être celle-là

Première à éclairer la nuit

Vénus

Deux films donc. L’un m’a crispé, l’autre m’a soigné. Mes changements d’humeur étaient-ils uniquement dus aux films ? Étaient-ils de mon fait ? Je ne saurais dire. Mais je sais ce que je garderai.

Et je sais que je visionnerai encore Comme un avion, ne serait-ce que pour sa bande-son. Une bande-son impeccable : Trois chansons dominent qui ont évidemment bouleversé Bruno Podalydès, comme elles vous ont bouleversés vous, et comme elles m’ont fasciné moi aussi : Comme un avion sans aile, de Charlélie Couture, Le temps de vivre de Georges Moustaki, et Vénus de Bashung et Gérard Manset. Le scénario ne fait rien d’autre, au fond, qu’illustrer ces trois chansons.

Voyage à Salzburg

L’architecture insulaire du Musée allemand, Munich

Depuis mes premiers pas à Munich, je connais l’existence d’un musée appelé Musée allemand, mais j’imaginais qu’il s’agissait d’un complexe un peu vieillot, dans un jus d’avant-guerre que je désirais visiter en espérant presque me retrouver dans quelque chose de daté et de poussiéreux.

Le voyageur a du mal à se défaire de sa petite condescendance d’homme d’esprit. Le sage précaire a au fond de lui un petit con rigolard qui aime contempler les petites vanités des peuples et des communautés.

C’est la façade nord du musée qui m’inspirait ce léger sourire. Une architecture typique de la première moitié du XXe siècle, à laquelle on peut prêter des caractéristiques d’usine, de caserne, ou encore de caserne. Je trouvais de l’élégance massive à cette façade, mais comme le bâtiment était dans son jus d’époque, je n’imaginais pas l’immensité du lieu que la façade cachait.

Inselmuseum, Munich

En fait il s’agit d’une île en plein cœur de Munich, et le Deutsches Museum la recouvre entièrement, faisant d’elle le plus grand musée des sciences et technique du monde.

Et selon vos promenades, vous prenez un pont ou un autre et vous atteignez une façade complètement différente de celle qui s’est présentée à vous la première fois.

Si bien qu’il m’a fallu plusieurs approches pour comprendre ce qu’était ce bâtiment. Il semble qu’il ne soit pas construit de manière uniforme. Il est même selon moi assez difficile à lire.

Si l’on pouvait croire au début que c’était une friche industrielle rénovée en musée, un clocher central fait au contraire penser à une église, et d’autres points de vue nous racontent des histoires de bateaux.

Rapides tournant romantiques

Surfer sur le réveillon de 2023

Mieux que les autres, les Germains savent exploiter leurs fleuves et leurs rivières à des fins récréatives. À Munich, on fait du surf sur un bout de rivière qui a été canalisé de manière à avoir un rapide impressionnant à l’entrée du fameux parc dit « Jardin anglais ».

Réveil au bord du Rhin

Nuit passée dans la voiture mais sans mon épouse qui dort dans la cellule que son employeur lui offre pour trois nuits. Je me suis borné à la conduire.

Pendant que mon épouse vaque à ses obligations professionnelles, je visite la region de Bonn. J’ai trouvé un emplacement idéal pour camper au calme. Dans un quartier résidentiel, pas à Bonn même mais de l’autre côté du Rhin. Près d’une boulangerie qui ouvre à 6 heures du matin et qui jouit de très bonnes appréciations sur internet.

Réveil à l’aube. Dormi comme un bébé. Marché quelques minutes le long du fleuve mythique. Uriné dans l’eau courante. Un chien promené par une joggeuse m’a vu et n’a pas bronché.

Pris des petits pains dans la très jolie boulangerie qui mérite ses appréciations, un café à emporter. Me suis sustenté dans la voiture. Ai rejoint Bonn à pied. Sanglot en regardant le Rhin.