Je faisais un cours de philosophie sur Claude Lévi-Strauss et l’ethnologie à des élèves de terminales. Nous venions d’étudier un texte tiré de Tristes tropiques et j’allais leur montrer les photos prises par Lévi-Strauss au Brésil lors de ses expéditions.
C’est mon épouse qui m’a prévenu du risque d’exposer des photos de corps nus. Non seulement, dit-elle, il y a la pudeur élémentaire des adolescents, mais il y a aussi le contexte colonial. N’est-ce pas choquant de voir les peuples des forêts photographiés sous toutes les coutures ?
J’ai donc annoncé cette problématique à mes élèves avant de montrer les photos sélectionnées sans organes sexuels. Je leur ai dit que ma femme avait probablement raison, comme d’habitude, en particulier sur la dimension politique du « regard impérial » posé sur les personnages. Je leur ai proposé de regarder le livre de photos que j’avais apporté avec moi, s’ils le désiraient.
Le livre a donc circulé dans la classe, presque tous les élèves l’ont feuilleté sans que cela provoque le moindre effet négatif.
Aujourd’hui, le ministre de l’éducation Gabriel Attal, veut enclencher une mesure disciplinaire à l’encontre d’élèves qui ont protesté devant un tableau qui représentait des femmes nues. Moi, à l’école et au collège, il ne serait jamais venu à l’esprit d’un de mes professeurs de nous projeter en classe des tableaux avec des nus.
Je suis entré dans l’écriture par la voie trompeuse des compliments pour enfants doués.
Raphaël Enthoven, Le temps gagné, p. 197.
Publié aux éditions de L’Observatoire en 2020, l’autobiographie du pittoresque philosophe médiatique est intéressante car l’auteur y essaie d’être honnête. Il a la lucidité d’admettre que son œuvre ne débordera pas les capacités d’un bon élève qui reçoit des satisfecits. Le Temps gagné confirme cela.
Or, l’honnêteté l’oblige à se montrer sous des couleurs peu flatteuses, donc à révéler une personnalité globalement déplaisante, à laquelle le lecteur ne s’identifie jamais. Son rapport aux femmes par exemple est ignoble, non parce qu’il couche avec elles sans amour, mais parce qu’il croit faire de bonnes actions en agissant de la sorte :
C’est comme ça, à force de dire oui à tout, qu’en Don Juan kantien à qui plaire suffirait mais qui se sent le devoir de coucher j’ai joué un rôle capital dans la vie de femmes qui avaient peu d’importance pour moi. C’est même comme ça que je me suis marié. Pourtant, je n’en avais pas très envie.
Ibid., (p. 367).
Alors évidemment, c’est souvent ennuyeux à lire, mais ce n’est pas de la seule faute de Raphaël Enthoven. D’abord ce n’est pas de sa faute s’il est un individu plutôt ennuyeux et fat. Ensuite l’éditeur aurait pu faire un travail de relecture et un effort d’édition un peu plus soutenu. Il ne faut donc pas blâmer le seul Enthoven pour la médiocrité relative du Temps gagné.
Par ailleurs, il y a des passages qui méritent d’être lus.
Une scène d’humiliation ouvre le livre : son beau-père ne se borne pas à lui infliger des sévices corporelles, il se moque aussi de lui intellectuellement. C’est le petit plus de la grande bourgeoisie parisienne. Le petit Raphaël se vante devant un copain d’avoir lu Les Frères Karamazov. Le beau-père entend cette vantardise et, pour confondre le petit prétentieux, lui demande comment s’appellent les frères du roman de Dostoïevski. Incapable de répondre, le narrateur est foudroyé sur place.
Cela dit beaucoup sur la personnalité de Raphaël Enthoven, car le livre dans son ensemble est la confession d’un gros menteur, d’un imposteur qui passe sa vie à faire croire qu’il lit, qu’il connaît, qu’il réfléchit, qu’il enseigne, alors qu’en réalité il peaufine seulement des apparences et il s’imprègne d’un milieu socio-culturel privilégié. Il réussit à s’éloigner de son beau-père et à rejoindre son père éditeur, grâce à qui il mime les tics des intellos parisiens :
Je faisais pareil, je disais : « Platon, ça fait chic à la fin des disserts, n’est-ce pas ? » Ou « Le problème des heideggeriens, finalement, c’est qu’ils ont tout écrit sur du sable. » Je jouais au phénomène intéressant. (…) Devant eux, je pouvais me vanter tranquille d’avoir lu Les Frères Karamazov : ils ne l’avaient pas lu non plus.
Ibid., p. 172.
Il théorise cela en rappelant que son propre père lui a appris à « gagner du temps », d’où le titre du livre.
Gagne du temps, disait papa, il faut gagner du temps… » Quitte à faire semblant. (…) Commence par la fin. Gagne du temps. Au péril de ta modestie. Décrète le talent d’un tel – ou bien son infamie. Résume un livre en une phrase et jubile de tutoyer les génies.
Ibid., p. 193.
On reconnaît bien là le Raphaël Enthoven apparaissant à la télévision, arbitre des élégances et jubilant de s’écouter parler.
Un aveuglement social
Lisez cette citation exquise, qui explique à elle seule l’intérêt sociologique de lire ce récit :
Nous étions en 1995, en pleines grèves inutiles, qui n’auraient aucune incidence sur ma vie car je n’habitais pas loin de l’Ecole, et je me déplaçais à vélo.
Ibid.,p. 411.
Les grèves de 1995 furent très utiles pour la société française. Il faut vraiment être indifférent pour ne pas s’en rendre compte. Mais comme il cite Bourdieu quelques lignes plus loin, on suppose qu’il joue au sale fils à papa avec son lecteur marxiste. Il manie l’ironie car il se sait scruté :
Moi qui, en 1990, étais déjà macronien, atlantiste et futur partisan de la guerre du Golfe…
Ibid., p. 277.
Il s’agit donc de l’éducation sentimentale d’un grand bourgeois parisien, mais un bourgeois qui se voit comme désargenté. Incapable de voir la réalité sociale, il se plaint depuis toujours de ne pas avoir assez. À 13 ans, il fait une crise car il veut inviter un fille au restaurant et que son père rechigne à lui donner de l’argent pour cela. Sa belle-mère lui dit qu’à son âge, on va au McDo, pas dans une pizzeria.
Moi, comme toi, lecteur, à 13 ans, je n’espérais même pas recevoir assez d’argent pour aller au McDo. Je n’ai commencé à inviter les filles au restaurant que lorsque je gagnais ma vie.
Le narrateur, adolescent, vit chez son père mais profite d’une chambre de bonne qui a vue sur les toits de Paris, où il jouit d’une autonomie au centre de la capitale dont nous aurions tous rêvé. Et avec tout cela, le philosophe devenu quadragénaire ne voit toujours pas son statut de privilégié. Comme Sylvain Tesson qui joue à l’ermite dans une villa lacustre, Enthoven médite sur l’argent qu’il n’a jamais eu :
Parce que je mettais du parfum et que je portais des vêtements de marque, les filles venaient chez moi en pensant aller dans un palais, et elles se retrouvaient dans une chambre de bonne où (avec leur consentement) un adolescent affamé leur mangeait le cul. (…) on m’a toujours attribué des moyens que je n’avais pas.
Ibid., p. 266.
On t’attribue, cher Raphaël, les moyens que tu déclares : à 14 ans, tu avais une chambre à toi où tu pouvais explorer ta sexualité tranquillement, tout en portant du parfum et des vêtements neufs. Nous tous, sais-tu, n’avons pu avoir ce luxe qu’après l’âge de 18 ou 19 ans. Les gens normaux n’ont aucun lieu pour explorer leur sexualité.
Un roman à clés : BHL, Onfray et les autres
On reconnaît facilement quelques personnes parce qu’ils sont célèbres. Par exemple, on comprend vite que Faustine est probablement Justine Lévy (fille de Bernard-Henri Lévy) qui a écrit son histoire avec Raphaël dans un livre à l’immense couverture médiatique.
BHL lui-même est facilement reconnaissable sous les traits du personnage Élie. Pour éviter les procès, j’imagine, il a changé les noms et il a fait d’Elie un mec qui mange beaucoup. Quand le narrateur a 17 ans, il accompagne BHL à l’École normale supérieure où l’intellectuel star donne une conférence sur la guerre en Bosnie. Comme les étudiants rient du ridicule de BHL, Enthoven les décrit avec les habituels termes depréciatifs de « meute », de « barbares », de « hyènes ».
Dans un même chapitre, il nous parle de Michel Onfray et de Justine Lévy. Un chapitre bizarrement construit. Le narrateur rejoint Michel Onfray, à qui il donne le nom d’Octave Blanco, à un vernissage. Il y va avec son amoureuse « Faustine » parce qu’il n’a rien à lui dire. Il juge la fille de BHL de manière peu généreuse : « Elle n’était pas vraiment jolie mais elle avait des joues » (p. 337). Onfray, lui, ne sort pas d’un pur rôle mondain. Ils boivent une coupette de champagne,ne se disent rien de spécial, puis le narrateur retourne à Faustine et lui déclare son amour. Résultat troublant : « Nous étions sur le point de passer – sans raison, par peur – les huit années à venir agrippés l’un à l’autre » (339). Chapitre au ton camusien (je pense à l’Étranger et à ce côté « j’ai pris cette décision sans raison, sans savoir pourquoi… ») mais qui n’a pas sa place dans un récit qui se prétend proustien et explicatif des intermittences du cœur.
Il n’a pas plus d’émotion quand sa compagne est enceinte, ni même quand elle avorte. Ce qui excite vraiment Enthoven, ce qu’il tient à nous raconter, c’est son parcours scolaire. Il raconte par le menu ses classes de 4e, de seconde, de première, il parle de ses lycées. On s’en fout mais lui semble fasciné par ces détails de scolarité. Il se souvient des noms de ses professeurs, ce qui indique quelque chose de sa personnalité, mais quoi ?.
En revanche, il est normal qu’il insiste sur les épreuves scolaires qui déterminent la sélection de l’élite de la nation. La distinction et la production de l’elite est un phénomène qui mérite d’être étudié. Sa réussite au concours de l’ENS, son échec à l’agrégation de philosophie, sa deuxième tentative soldée par une réussite.
On n’apprendra pas grand-chose de philosophique, mais pour vous faire « gagner du temps », sachez que les pages que l’auteur a crues les plus croustillantes, il les a mises à la toute fin. Il s’agit de son histoire avec Carla Bruni, sa manière de tromper Justine Lévy, et sa méthode pour embobiner BHL. Le chapitre où il jure à BHL qu’il n’a jamais couché avec Carla, que tout cela n’est qu’une rumeur, est drôle à lire.
La conclusion est longue, et plus encore que tout le livre, nombriliste à un point de gêne que je n’avais pas encore expérimenté dans l’exercice de la lecture :
– Raphaël…
– Oui ?
Fin
Ibid., p. 523.
Ce sont les derniers mots du récit. Finir un livre sur son propre prénom et sur un oui que l’auteur voudrait nietzchéen, le héros qui dit enfin oui à la vie, c’est un peu trop de narcissisme pour le sage précaire qui, pourtant, peut en remontrer dans cette discipline. Sans doute, Enthoven s’est projeté dans un futur incertain où les historiens chercheront à comprendre notre époque où un président met ses initiales comme nom de parti, son nom comme seul programme. Cette époque, Raphaël concourt pour en être l’écrivain.
Les deux femmes représentées sur cette esquisse faite à Munich ne sont pas choisies au hasard. Le peintre était amoureux d’elles, elles l’amaient en retour, et les trois connaissaient les sentiments de tous. Ils se sont mariés l’un avec l’autre, à tour de rôle. Ils formaient un trio amoureux et créatif qui n’étaient pas complètement étranger aux mœurs des Européens progressistes de la belle époque.
Les deux femmes étaient plus âgées que l’homme et cela ne dérangeait personne. Maria avait quatre ans de plus que Franz mais ils ne pouvaient pas se marier car Franz était déjà marié à Marie Schnür, de treize ans son aînée. Cette dernière avait déjà un enfant qu’elle avait eu à Paris, fruit de la vie de Bohème des jeunes Européens.
C’est peut-être pour adopter cet enfant conçu à Paris que Franz se maria avec Maria. On ne sait rien de cela car il ne reste pas grand chose de cette relation.
Les trois protagonistes de cette histoire étaient peintres et très influencés par les impressionnistes qui révolutionnaient l’art depuis trente ans en France. Ils cherchaient la bonne recette pour vivre en adéquation avec leur spiritualité, la modernité, les problèmes et les désirs de leur temps. Quand ils ne peignaient pas, ils montaient des coopératives socialistes, quand ils ne se caressaient pas en pleine nature, ils créaient des collectifs d’artistes tels que le Blaue Reiter à Munich.
Marie Schnür, Maria Marc et Franz Marc, en détente relative pendant l’été 1906.
Ce monde d’espoir, de crises et de créativité était précaire. La guerre de 14-18 approchait et Franz n’a rien fait pour l’éviter. Il est mort en soldat sur le sol français dont il a tellement aimé la culture d’avant-garde. Dans ses carnets de tranchée, des dizaines de chefs d’œuvres griffonnés, dans lesquels transparait la passion de Franz pour l’art, et ses tentatives inlassables de comprendre le monde par des mouvements de crayon.
Sa deuxième épouse, Maria Franck, a survécu dans ce village de Bavière où ils expérimentaient l’amour libre et naturiste, pour s’éteindre à près de 80 ans.
Sa première épouse en revanche, Marie Schnür, on ne sait pas ce qu’elle est devenue, et on a perdu toute trace de son enfant. Apparemment, elle a mal vécu ce « ménage à trois », et elle semble avoir mis un terme à sa carrière artistique peu après la guerre. Je pense, pour ma part, qu’elle a changé de nom et d’identité. Comme elle vient d’une famille riche et protestante de Cobourg, sa vie dissolue faisait mauvais genre et il fallait tout dissimuler pour espérer une fin de vie respectable. Si elle était morte avec cette identité connue de Marie Schnür, les historiens auraient retracer la trame de son existence.
Assoifé de culture, j’étais aussi assoifé de lecture. Incapable de lire en allemand et peu désireux de lire en anglais, je me rends à l’Institut français en semaine pour prendre une carte à la médiathèque. 14.50, la médiathèque est fermée. J’y retourne un autre jour à 11.00 : encore fermée. Heureusement la bibliothécaire a mis des livres à donner dans une corbeille devant la porte. « Servez-vous ». J’ai pris les deux volumes des Martyrs de Chateaubriand, dans la vieille collection « Les classiques pour tous » de la Librairie Hatier (1922).
Les pages craquaient. Personne n’avait jamais ouvert le tome 1. Le tome 2 paraît plus usé et sans doute un peu lu. Cela s’explique par le contenu : le tome 2 est plus centré sur l’histoire d’amour des deux époux martyrs.
Je lis ce classique comme un mort de faim se jette sur un plat du jour. On pourrait croire qu’il vaudrait mieux un désir plus subtil, mais la prose de l’Enchanteur, les multiples références à la culture antique, et le nombre élevé d’hapax, de mots savants, de préciosités archaïsantes, demandent que le lecteur de 2023 soit très affamé, sinon il abandonne la lecture dès la deuxième page.
Le plus remarquable est la sensualité débordante du poète, que je n’avais pas remarquée à ce point d’incandescence dans ses Mémoires ni dans ses Voyages. Que ce soit l’héroïne Cymodocée, ou la fée gauloise Veleda, les jeunes femmes sont à la fois vierges et tentatrices, blanches et désirantes, pudiques et toujours presque nues. Les voiles et les vêtements sont toujours décrits de manière à suggérer un érotisme accepté par la censure.
Exemple au premier chapitre. La jeune fille se prépare pour partir en voyage avec son père :
Cymodocée, dans un chaste asile, laisse couler à ses pieds son vêtement de nuit, mystérieux ouvrage de la pudeur. Elle revêt une robe semblable à la fleur de lis, que les Grâces décentes attachent elles-mêmes autour de son sein. Elle croise sur ses pieds nus des bandelettes légères, et rassemble sur sa tête, avec une aiguille d’or, les tresses parfumées de ses cheveux. Sa nourrice lui apporte son voile blanc des Muses, qui brillait comme le soleil et qui etait placé dans une cassette odorante. Cymodocée couvre sa tête de ce tissu virginal, et sort pour retrouver son père.
Quand j’ai lu La Vie est ailleurs la première fois, j’avais 19 ans et je m’étais identifié au personnage désigné comme « le quadragénaire ». J’avais l’âge du héros et nourrissais l’ambition d’être poète comme lui, mais c’est le vieux célibataire stérile qui m’inspirait, comme si je savais intimement, dès l’adolescence, que l’âge qui me conviendrait le plus était la quarantaine. Il incarnait la vie parfaite pour le petit sage précaire en devenir que j’étais.
Le quadragénaire vit seul, il a des maîtresses et des amis, il aime et est aimé sans attaches, sans lourdeur, sans devoir. Il est intellectuel, son appartement est plein de livres et d’œuvres d’art. Il travaille manuellement car le régime socialiste l’a obligé à retourner à l’usine. Il séduit des femmes de tous âges. Il est libre et jouisseur. La perfection pour moi qui n’avais pas de maîtresses mais qui rêvais d’en avoir.
Je relis ce roman en tant que quinquagénaire et je me rends compte que ce personnage est très faible sur le plan narratif.
D’abord il entre en opposition point par point avec Jaromil, le personnage du jeune poète. L’un est jaloux l’autre est libéral, l’un est adolescent l’autre mûr, l’un est amoureux sentimental, l’autre amant physique, l’un est lyrique l’autre rationaliste, l’un est dépendant de sa mère, l’autre vit seul. L’un représente le romantisme, l’autre l’esprit des Lumières. C’est donc un personnage qui remplit une fonction structurelle, mais qui a infiniment moins de vie que celui, plus détaillé et fouillé, du jeune poète.
Une question de masculinisme plus que de masculinité
Plus grave, je perçois trente ans après ma première lecture qu’à travers ce personnage, Kundera occulte les femmes, les traite en objets, en faire-valoir. Pire encore, le quadragénaire est plus qu’un macho, il incarne un rêve stérile de toute-puissance masculine. Cela commence par la scène de présentation :
Studio (solitude studieuse). Large divan devant un grand miroir (dispositif du libertin). Fenêtres donnant sur les toits et les cheminées (hauteur de vue). L’appartement du quadragénaire est en désordre mais la baignoire est « soigneusement recurrée ». L’homme lit dans son bain tandis que la sonnette retentit. Il n’aime pas être dérangé car sa solitude est seigneuriale. Il s’est arrangé avec « ses maîtresses et ses amis » pour que chacun utilise des codes avec la sonnette. Ainsi il impose à tous un emploi de temps auquel tous obéissent « docilement ».
J’avais gardé en mémoire que la même jeune fille fréquentait les deux hommes en même temps. Elle était amoureuse du jeune poète qui était d’une jalousie maladive. Du coup, sa liaison avec le quadragénaire était plus sereine car il n’est ni amoureux ni jaloux, il est à l’écoute.
Le quadragénaire ne trouve pas cette fille très avenante (« il a des maîtresses plus jolies ») mais il l’aime bien car elle avait « à peine 17 ans » quand il l’a rencontrée, qu’elle le divertit, lui fait des choses exactement comme il les veut, ne vient le voir qu’un jour par mois, et lui présente même d’autres filles pour ses « divertissements érotiques ». On est à la limite de la pédocriminalité et certaines phrases de ce chapitre pourraient se retrouver dans des livres de Gabriel Matzneff.
Kundera n’a pas froid aux yeux car il révèle là qu’il est un étroit masculiniste. Il va jusqu’à dire que le quadragénaire est « bon » avec ladite fille. Il essaie pourtant de la violer tandis qu’elle est en pleine détresse, mais cela n’a pas l’air de déranger Kundera qui, au contraire, voit dans cette concupiscence l’expression d’une vertu grandiose :
C’est peut-etre la pure bonté qui, par une mystérieuse transsubstantiation, se changeait en désir physique.
Milan Kundera, La Vie est ailleurs, Folio, p. 424.
Elle s’enfuit de ses bras et se blottit quelque part. Le quadragénaire la rassure, se rapproche d’elle, pose alors sa main sur son visage, et la fille pense que ce geste « exprime tant de bonté » qu’elle fond en larmes. Facile d’être bon quand la bonté consiste à faire si peu, à donner si peu de soi.
Kundera, plein de son fantasme libertin, réifie son personnage féminin au point de faire d’elle une innocente
Infiniment heureuse que le quadragénaire lui accorde un entracte.
Ibid., p. 418.
Dans l’imaginaire de Kundera, c’est si facile de rendre une femme heureuse. Il suffit d’être là, d’imposer sa volonté, la vie est simple.
Tout cela renvoie à un personnage qui est dans la toute-puissance, donc très loin de la morale sentimentale du sage précaire. S’il m’est arrivé, à moi aussi, de traiter certaines petites amies avec froideur et pour mon confort, je n’en suis pas fier et ne prendrais jamais cette attitude discutable pour de la bonté.
Bref, ayant tourné autour de l’âge du quadragénaire, j’ai procédé à retournement à 180 degrés, si l’on peut dire. Le roman dans son ensemble me paraît encore plus beau qu’à l’époque de ma première lecture, mais le personnage qui m’avait le plus impressionné est celui que je désapprouve le plus aujourd’hui, et qui représente le point faible romanesque de La Vie est ailleurs.
Cinquante ans nous séparent de l’époque où Kundera concevait La Vie est ailleurs.
Trente ans de distance séparent mes deux lectures de ce superbe roman et j’ai oublié tant de choses entre temps. Il y a des chapitres que j’avais l’impression de lire pour la première fois en septembre 2023, alors qu’ils furent écrits en 1973 et que je les avais lus en 1993. Une chose est certaine : La Vie est ailleurs reste pour moi une merveille de roman. Pas une page où l’on s’ennuie. L’histoire d’un poète qui mourut dans une Bohême socialiste avant l’âge de 20 ans.
Si c’est en effet une charge contre la poésie lyrique, avec le recul, je trouve que Kundera, même s’il se moque, temoigne dans ce récit d’un grand amour et d’une profonde connaissance de la poésie européenne.
C’est fort de cette connaissance et de cet amour qu’il a su construire ce personnage de Jaromil qui devient poète pour plaire à sa mère, puis pour trouver une place dans la société en dépit d’une virilité défaillante. Le lyrisme devient vite un écran de mauvaise foi qui a pour but d’exonérer le poète de l’action, de la responsabilité et des risques que l’on encourt quand on veut entretenir des relations concrètes avec une amoureuse et des amis.
Nous savons maintenant que Kundera a commencé sa carrière comme poète, puis qu’il a renié cette partie de son œuvre. Il nous impose de considérer son travail comme inexistant avant les années 1960 et la parution du roman LaPlaisanterie. Comme s’il pouvait nous imposer quoi que ce soit. Il est urgent que des éditeurs français fassent enfin leur travail : qu’ils publient dans une bonne traduction l’œuvre poétique de Kundera, et tout ce que dernier a rendu public en langue tchèque quand il était jeune.
Il fallait en avoir pour exposer ce grand tableau du Caravage sur la façade du Vigan. Je ne sais pas qui a eu l’idée, ni pourquoi, mais je salue l’audace.
Qui ne voit la charge érotique de cette peinture des années 1607 ? L’homme de pouvoir tient des deux mains un bâton qui est censé représenter son statut d’autorité, car il dirige en effet l’île de Malte à cette époque, sous l’autorité du seul Pape. Le peintre Caravage est plus ou moins en cavale, il a fui Rome après avoir tué un homme, puis il est parti de Naples pour Malte où ce monsieur à la trique impressionnante l’a élevé au rang de chevalier.
Ce qui est troublant dans ce portrait d’Alof de Wignacourt, ce n’est pas tant qu’il porte ce gourdin, mais surtout la présence d’un jeune page à côté de lui, portant son heaume à plume, et accaparant toute la lumière !
Les spécialistes d’art diront que le scandale de ce portrait vient justement du contraste des lumières et des modes vestimentaires différentes, puisque les deux personnages ne partagent pas le même monde. Mais le sage précaire voit le scandale dans l’inconscient sadique de cette image. Je ne veux pas expliciter les choses, car beaucoup d’enfants lisent La Précarité du sage, mais la trique que le barbu porte à côté de son éphèbe préféré pourrait illustrer un film du cinéma underground new yorkais.
Les historiens d’art nous parlent habituellement de la « virilité bienveillante » du grand maître de Malte, de la « sagesse », de l’ « autorité » de celui qui regarde vers l’horizon, mais ce qui ne trompe pas l’amateur d’art, c’est le contraste tendu entre la dureté de l’homme mûr et la douceur du page. Son insolence, aussi, lui qui regarde le spectateur, comme s’il provoquait la colère de son maître.
Caravage, on le sait, aimait s’amuser et choquer les consciences de son temps, il aimait jouer de tous les rapports de force qui existaient sur le marché de l’art et ne faisait pas preuve de prudence. Il ne reculait pas devant le scandale et les excès. Il n’est que de regarder l’un de ses principaux chefs d’oeuvre, La Mort de la Vierge. En 1606, le tableau fut exposé sur l’autel de l’église de l’ordre qui l’avait commandé mais fut retiré très vite puis remplacé par une oeuvre sur le même sujet peint par quelqu’un d’autre. L’histoire de l’art est pleine d’explications contradictoires : quand j’étais jeune, la version officielle était que les moines de l’époque n’avaient pu accepter de voir la Vierge incarnée par les traits d’une prostituée. La scène, disait-on, était trop réaliste et populaire, pas assez noble et majestueuse. Le cinéaste underground Derek Jarman insiste beaucoup là-dessus dans le film de 1986 Caravaggio en faisant du peintre un artiste queer.
Mon interprétation diffère : selon moi, le Caravage était en effet un artiste à la vie dissolue mais un fervent catholique aussi, et surtout un homme d’affaire qui devait gagner sa vie. On sait depuis peu que si La Mort de la Vierge a été décroché de l’autel, ce n’était pas parce que les Carmes déchaussées étaient choquées, mais parce que le tableau fut acheté une fortune par un marchand, puis fut exposé avant de rejoindre les collections privées du roi d’Angleterre, et enfin de Louis XIV. Les oeuvres de Caravage suivent ainsi un trajet de réussite économique.
Si bien qu’ici, le portrait d’un vieux libidineux au côté d’un mignon a beau être volontairement inapproprié, Caravage l’a fait pour plaire à son commanditaire et a été grassement payé pour cela. Il n’empêche qu’il fallait en avoir pour l’exposer sur la mairie, en plein marché bio, trônant au-dessus des artichauts et des concombre de Russie. Tous les samedis matin, et la photo ci-dessus fut prise un samedi matin, les maraîchers de l’agriculture biologique vendent leurs légumes délicieux. Sous le regard froid et mutin du petit page pervers.
Maintenant qu’il est dans l’actualité je vous recommande de regarder une seule vidéo de l’imam français de nationalité marocaine que Gérald Darmanin veut chasser de France. Cette vidéo s’intitule « Musulman et homosexuel ? ». Il faut la regarder pour prendre conscience du contexte.
L’imam réfléchit sur la question de savoir si l’on peut être un bon musulman tout en étant homosexuel.
Écoutez l’auditoire devant lui et appréciez le talent de pédagogue de Hassan Iquioussen. Imaginez-vous une seconde à sa place, comment vous débrouilleriez-vous ?
Car il ne parle pas seul devant une caméra, savez-vous. Il s’adresse à un public qui l’a invité à venir donner une conférence. La salle interagit avec lui et sur la question de l’homosexualité il a affaire à des mecs du bled qui n’aiment pas ça du tout. On entend des voix de vieux messieurs qui protestent que c’est très mal, que c’est un péché, que l’homosexualité « détruit la société ».
Or ce que fait Monsieur Iquioussen est très fort, en ce contexte, et je vous prie d’en prendre la mesure. Il réussit à se faire entendre d’eux, de ces hommes maghrébins conservateurs sur le plan des valeurs familiales. Et il réussit à leur faire admettre qu’il faut être tolérant avec les homosexuels, qu’il faut les aimer, qu’un jour peut-être leurs enfants leur avoueront une identité sexuelle imprévue, et qu’il faudra être à la hauteur de cette religion d’amour qu’est l’islam.
Alors bien sûr, en tant que religieux, il se doit de dire clairement que l’homosexualité est un péché, et il est obligé d’insister là-dessus pour être entendu de cet auditoire. Le fait que le ministre Darmanin, que Le Figaro et Valeurs actuelles, reprennent des mots de cette introduction pour qualifier l’imam de sale arabe homophobe est indigne. Il faut avoir l’honnêteté de regarder la vidéo quelques minutes de plus pour entendre l’imam leur dire, à tous ses hommes en colère, dans les yeux, qu’ils sont eux-mêmes des pécheurs, et qu’ils ne valent pas mieux que les homosexuels.
Puis il leur impose le silence avec le sourire, avec des histoires personnelles, avec des extraits du Coran, avec des paroles prophétiques et avec des scènes épiques de l’histoire sainte. Il compare tel personnage de l’Arabie médiévale avec Rambo. Il fait feu de tout bois pour amener les musulmans à être tolérants, fraternels, miséricordieux et respectueux. Et c’est ce genre d’individu que Darmanin veut mettre à la porte ?
Regardez cette vidéo et posez-vous les questions suivantes : cet homme est-il dangereux pour la France ? Diffuse-t-il un discours de haine ? Mérite-t-il l’opprobre et l’exclusion ? Darmanin ment-il ou dit-il la vérité sur le cas Iquioussen ?
Après avoir répondu à ces questions, posez-vous cette autre série de questions subsidiaires : quel genre d’homme remplacera Hassan Iquioussen s’il part de France ? Un homme plus ouvert ou un homme plus rigoriste ? Que cherchent la droite et l’extrême-droite en ciblant des hommes comme lui ? À pacifier nos quartiers populaires ou à augmenter la tension ?
En cet été caniculaire, le gouvernement nous donne le spectacle navrant d’une provocation doublée d’un acharnement pour exaspérer les bonnes volontés et faire exploser les violences. En cet été d’incendies causés par des pompiers, Darmanin est le parfait pompier pyromane.
Retour des pays chauds, je me rends à la librairie Sauramps de Montpellier où je découvre, à ma surprise, que le rayon de littérature des voyages se trouve près de l’entrée principale. Que se passe-t-il dans le genre ces temps-ci ? Y a-t-il un livre géographique incontournable qui fait fureur ? Un.e auteur.e étonnant.e qu’il faudrait découvrir toute affaire cessante ?
Le libraire me fait faire le tour des nouveautés et je fais l’acquisition d’un beau livre de Claudio Magris, d’un récit écrit à quatre mains d’Éric Faye et de Christian Garcin, d’un essai polonais sur les oiseaux d’un certain Stanislaw Lubienski. Le libraire me recommande avec énergie Le Souffle des Andes de Linda Bortoletto. Il a été vraiment touché par l’écriture de cette femme qui fut violée lors d’une randonnée en Turquie et qui cherche la guérison dans une autre randonnée en Amérique du Sud. Je me laisse convaincre car je m’intéresse aux voix féminines et aux questions de la santé dans le récit de voyage.
Comment ai-je pu me laisser piéger aussi facilement ?
Il est pourtant évident qu’on sait tout à l’avance. Dès qu’on vous raconte le pitch, vous savez ce que vous allez trouver dans le livre et, en effet, il n’y aura aucune surprise ni aucun émerveillement. Il ne manquera aucun poncif de la littérature commerciale du voyage. La stratégie de démarcation est assumée quand la voyageuse rencontre des Français qui regardent des blocs de glace qui « se détachent d’un iceberg » :
Comme nous, ils se détachent de la masse.
Linda Bortoletto, Le Souffle des Andes, Payot & Rivages, coll. « Voyageurs », 2021
Vous lecteurs, je vous le dis tout net, vous êtes dans la masse, et vous l’êtes jusqu’au cou. Que dis-je, vous êtes la masse, vous êtes cette chose compacte et gluante dont il faut se détacher si l’on veut réussir sa vie. Les âmes d’élite n’ont que faire de votre vie sédentaire et endormie.
On trouvera aussi des clichés par centaines sur le désir, la vie, la mort et l’amour. Une page entière sera consacrée à l’amour et sur le fait que Linda B. a retrouvé l’amour, mais le lecteur borné que je suis sera étonné de lire qu’elle est une amoureuse sans objet ; elle est amoureuse de la vie.
Enfin que serait un récit de voyage des nouveaux explorateurs sans les habituels couplets sur la liberté.
Le vent souffle, encore, toujours. Il est froid, puissant. Libre.
Ibid.
À la fin, vous le savez, l’aventurière aura soigné sa douleur et elle sera devenue une autre en devenant elle-même. Ou inversement, elle sera devenue elle-même en devenant une autre. On ne dévoile rien quand on dit que la narratrice trouvera la paix intérieure et la sérénité. La randonnée comme exercice de spiritualité. On a lu cela des centaines de fois. Écoutez, si ça marche (sans jeu de mots), pourquoi se priver ? Cette histoire est réelle et elle consiste en ce que les Américains appellent le Story telling. L’auteure utilise son histoire de manière à obtenir des suffrages.
En l’espèce il s’agit de vendre des livres, à quoi s’ajoutent des stages de toutes sortes. Il n’y a plus qu’à élargir le business model pour se lancer dans des huiles essentielles, des godasses de randonnée végétaliennes ou des produits de beauté spécial résilience.
J’ai acheté ce livre sur la recommandation d’un libraire de Montpellier. Il avait su trouver les mots pour me convaincre. Le récit est efficacement écrit mais il est malheureux qu’après coup, ce soit l’auteure elle-même qui fasse tout pour m’en éloigner en affirmant, elle aussi, que ce n’est pas un récit de voyage. Non, c’est surtout un récit de spiritualité et de résilience. Tant pis pour le récit de voyage. Mais ce n’est pas cela qui me fait le plus de peine.
Obéissant aux règles mercatiques de l’entreprenariat contemporain, Linda Bortoletto essaie d’être très présente sur les réseaux sociaux et cherche à transformer son expérience personnelle en machine à cash. Son créneau : le voyage spirituel, la reconstruction de soi, le développement personnel. Son livre Le souffle des Andes raconte en effet comment elle s’est fait violer lors d’une randonnée en Turquie, puis comment elle s’en est sortie grâce à d’autres voyages, notamment dans les Andes.
Mais la voilà sur les réseaux sociaux à faire de la publicité pour ses stages de remise en forme constitués de promenades en montagne, de méditation et de yoga. Elle poste fréquemment des photos d’elle tout sourire dans la nature, généralement les bras écartés, parfois les yeux fermés.
Linda Bortoletto sur sa page Facebook
Loin de moi l’idée de critiquer quelqu’un qui cherche à gagner sa vie, même en utilisant le voyage, la spiritualité et la santé. Le sage précaire serait le premier à vendre son corps et son image si cela pouvait lui rapporter de quoi vivre.
Je trouve seulement douloureux et poignant de voir ces grands sourires s’étaler car il me paraît évident que Linda Bortoletto préfèrerait méditer tranquillement dans ses refuges asiatiques, et se promener à pied sans rien demander à personne. Cette horreur économique où nous vivons : savez-vous que nous sommes assaillis de conseils pour les auteurs ? On nous conseille de passer un temps fou sur les réseaux sociaux et de créer une « communauté ». Quand on aura des centaines, des milliers de « followers », c’est dans cette communauté qu’on trouvera des clients qui dépenseront de l’argent pour acheter notre camelote : livres, produits de beauté, stage de méditation, que sais-je ?, support publicitaire.
Linda Bortoletto sur sa page Facebook
Pour ce faire, Linda Bortoletto poste des photos d’elle-même car, comme le disent tous les consultants en écriture : « votre produit, c’est vous-même. Le lecteur, d’une manière ou d’une autre, il veut acheter votre livre car il a développé un feeling avec le personnage que vous mettez en scène sur les réseaux. » Obéissante à ces mots d’ordre commerciaux, l’auteure voyageuse fait semblant de ne pas vendre ses stages en écrivant sous ses photos de petits billets d’humeur qui donnent à penser aux « amis » :
Outre les bienfaits sur le plan physique, la joie d’être au grand air, l’émerveillement de se sentir en lien avec les éléments – le vent, les arbres, la terre, le soleil, la pluie, les rivières – la marche m’a appris que notre corps était probablement l’outil le plus puissant pour ramener notre attention sur le moment présent. D’où la sensation de calme et d’apaisement qui en découle.
Linda Bortoletto, sur son profil Facebook
Il va sans dire que de telles considérations figurent certainement dans le contenu des ateliers payants de l’aventurière. C’est ainsi, il faut donner beaucoup d’éléments gratuits pour espérer, paraît-il, attirer des clients. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir ou en pleurer. Transformer sa vie en business model. Il serait facile de s’en moquer. Ceux, surtout, qui ont un job, un bon salaire, qui ont hérité de quelque chose, pourront à peu de frais critiquer les efforts de cette randonneuse adepte du yoga et du cacao. Mon coeur se serre quand je vois le sourire de ma Facebook friend que je n’ai jamais vue.
J’espère en tout cas que ses « retraites Expansion » lui rapporteront beaucoup d’argent car elle le mérite, au vu de la débauche d’énergie qu’elle investit dans sa petite entreprise de spiritualité portative :
La semaine dernière, j’étais en vadrouille dans les Pyrénées Orientales pour ressentir de mes propres pas l’énergie des lieux. Quand je suis arrivée dans la ferme catalane où se passeront mes retraites Expansion, je me suis dit, émerveillée : « Ouahhh ! Quelle beauté et quelle tranquillité ! Quelle énergie sublime ! »