Les époux Poussin traversent l’Afrique à pied et soutiennent Zemmour

Photo de Taryn Elliott sur Pexels.com

Les jeunes gens figurant sur cette photo ne sont pas les fameux aventuriers Sonia et Alexandre Poussin. Ce que vous voyez ci-dessus est tout simplement une photo libre de droit qui m’a été proposée dans un moteur de recherche affilié à mon blog et qui génère des visuels gratuits. Lorsque j’ai saisi les mots « marcheurs Afrique », un grand choix de clichés m’a été donné, comprenant des paysages dignes de Michel Sardou chantant Afrique adieu. La photo que j’ai choisie ne m’a pas paru plus stupide ni plus stéréotypée que celles qui illustrent le récit de voyage de Sonia et Alexandre Poussin.

Leur best-seller s’intitule Africa Treck (Robert Laffont, 2004 et 2005), et relate en deux épais volumes leur périple à pied à travers l’Afrique. Le plus étonnant de ce livre apparaît à la toute fin de la narration. Avant de vous le dire, je vous pose la question et vous demande de prendre cette question comme un jeu : si vous deviez imaginer un itinéraire du sud au nord du continent africain, quel serait votre point d’arrivée ?

Je vous laisse réfléchir.

Ma femme m’a dit sans réfléchir : « La Tunisie ». Bon, elle est tunisienne, je ne sais pas si cela joue ou non. En tout cas, elle argumente qu’en Tunisie se situe le point le plus septentrional du continent, si c’est vrai c’est un point en sa faveur. Et puis terminer ce périple africain par Carthage, au nord de Tunis, ville en ruine construite par les Phéniciens, ça a en effet de la gueule et du sens historique.

Moi, spontanément, je dirais : « Gibraltar ». Nul besoin d’explication je pense.

Or, les époux Poussin n’ont pas fait ce choix. Ils ont opté pour une solution dont je m’étonne qu’elle n’ait pas été plus discutée, voire critiquée, dans le milieu de la littérature des voyages.

Le dernier épisode d’Africa Trek se situe en Israël. Pourquoi Israël ? Ce n’est pas en Afrique !

Ils passent la frontière entre l’Egypte et Israël avec une facilité suspecte. En marchant, tranquillement, avec leur sac sur le dos, comme des routards. Et leur commentaire à ce propos ne laisse pas d’être perturbant :

Nous n’avons jamais passé une frontière aussi rapidement, ni ressenti un tel contraste. Tout est propre et soigné, organisé et pensé. Ça sent l’Europe à plein nez. Ça pourrait être la Suisse. C’est Israël.

A. et S. Poussin, Africa Trek 2, p. 692.

Les préjugés. On comprend de suite ce que veulent dire les Poussin, puisqu’ils parlent de contraste : selon eux, l’Afrique est sale, négligée, désorganisée et irréfléchie. Si ce n’est pas du racisme, je ne sais pas ce que c’est.

Vingt ans après leur voyage de couple catholique, la presse nous apprend que les Poussin participent à des dîners de levée de fonds pour la campagne d’Éric Zemmour. Il est temps que les adeptes de la littérature de voyage ouvrent les yeux. Il existe une corrélation entre des termes apparemment antinomiques : raciste et humanitaire, africain et islamophobe, juif et discriminant, etc. J’ai déjà sonné l’alerte à propos de Sylvain Tesson, à propos de Priscilla Telmon et d’autres, ce qui m’a valu des reproches venus du monde académique et de lecteurs innocents.

Il existe un réseau d’écrivains voyageurs réactionnaires qui prétendent ne pas faire de politique et qui se cachent derrière les termes vagues d’aventure, d’ailleurs, de rencontre, de liberté. Il est de notre responsabilité, à nous qui aimons la littérature géographique, d’au moins faire connaître cette tendance pour, éventuellement, dégonfler certaines baudruches.

Birkat al Mouz, le livre. Une histoire d’amour

Le livre est paru ces jours-ci aux éditions de L’Harmattan.

Il peut se lire comme un récit de voyage ou de séjour au sultanat d’Oman.

Ce que je n’écris pas sur la quatrième de couverture, néanmoins, c’est qu’il peut se lire aussi comme une romance. Chaque chapitre correspond à une année : de 2015 à 2020, un chapitre par an. Mais si on y regarde de plus près, la structure correspond aussi aux étapes principales d’une histoire d’amour.

Chapitre 1 : Solitude du narrateur et donjuanisme vain.

Chapitre 2 : Rencontre, coup de foudre et stratégies de séduction.

Chapitre 3 : Voyage de noce à Mascate.

Chapitre 4 : Vie conjugale dans l’oasis.

Chapitre 5 : Le couple comme machine de guerre.

Le livre paraît opportunément un mois avant les fêtes de fin d’année 2021. Des palmiers au pied des sapins.

De vieux livres de voyage

Une vieille édition de L’Appel du Hoggar

Parmi les surprises de mon retour en France, je découvre des livres abandonnés dans des greniers et des garages en sous-sol, des choses qui proviennent de je ne sais quelle famille, quel héritage.

L’un de ceux qui m’a fait le plus plaisir de sortir d’un carton fut cette édition ancienne d’un livre de voyage : L’Appel du Hoggar de Roger Frison-Roche. Si je ne m’abuse, ce récit fut le premier livre du célèbre montagnard, publié en 1936, quelques années avant son best-seller Premier de cordée.

L’exemplaire que j’ai trouvé n’est pas une édition originale, malheureusement, c’est une deuxième édition, et le livre est assez abîmé. J’aimerais le faire réparer par un relieur mais je ne suis pas certain que la qualité médiocre du papier permette de faire des miracles.

Je l’ai lu dès mon retour en France, quelques jours après avoir atterri à Lyon. C’est écrit dans une langue simple et directe, sans effet de style. Ma lecture fut trop rapide pour que je comprenne ce qui a pu faire le succès du livre. Peut-être simplement l’évocation de cette région montagneuse d’Algérie qui était peu connue à l’époque et qui était chargée de mystère.

Vous imaginez sans peine la joie qui fut la mienne de tomber sur un tel petit trésor de littérature géographique.