Je ne l’ai jamais empruntée sans émotion. Elle part de Lisburn road et descend vers Boucher road. Entre les deux, elle remonte sur le pont qui enjambe la voie ferrée.
Depuis Lisburn road, on voit un espace immense s’ouvrir, et devant soi, les Black Mountains. Jaune, ocre, vert, noir, les montagnes forment un bloc lointain qui met la route en valeur, la rapproche. Les montagnes empêchent l’œil de se perdre, encadrent la vision.
Quand je fais mes courses au Tesco’s de Lisburn road, ce qui m’arrive parfois pour deux raisons : ils ont un rayon de poisson frais intéressant, et il y a un maraîcher non loin, où j’achète des betteraves, je ne prémédite jamais de prendre cette superbe route. Je descends Lisburn Road en pensant aller jusqu’à l’hôpital, et tourner à gauche pour rejoindre Donegal road, comme tout le monde.
Mais je tourne la tête vers la gauche au milieu du chemin, je vois ces montagnes, cette descente jusqu’au pont, cette ouverture presque maritime, et je plonge. Je ne sais même pas si c’est un raccourci, et je ne sais même pas son nom. C’est en y repensant, ce matin, que je l’élis « plus belle rue de Belfast ».
La Précarité du sage 
Tu nous donne envie d’y faire un tour!
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Oui ? Tant mieux, c’est vrai que je recommande chaudement le détour par Belfast.
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C’est vrai que Belfast est une ville très attachante et magnifique. Le souvenir dominant que j’en ai gardé est celui d’un espace ouvert à tous les coins de rue, avec le vent et les Black Mountains au fond. Plus que Dublin, qui paraît moins aérée, il me semble que l’espace de Belfast est ouvert dans tous les sens, avec de hauts grillages par-ci par-là en travers pour marquer les frontières.
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Je suis d’accord, Dublin est moins aérée, mais c’est parce que c’est une ville plus grande et plus urbaine. Ce qui est bouleversant, sur le plan de l’ « ouverture geographique » à Dublin, c’est comment la lumière et le vent s’engouffrent au dessus des cours d’eau, comme la Liffey.
Mais c’est vrai qu’on s’attache très fortement à Belfast, ces ciels sont plus émouvants, ses fleurs éclatent plus intensément (ces jours-ci pour le coup), les éléments naturels de la géographie (les montagnes et la mer) sont plus présents qu’à Dublin, sans conteste.
La même chose se constate, d’ailleurs, à Derry, c’est intéressant.
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Oui, c’est une des promesses, rarement satisfaite, des récits de voyage.
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