Mes amis en seront témoins. Cela fait deux ans que je prédis des guerres. Je ne sais pas ce qui me prend, je vois des guerres partout. Pas des guerres partout dans le monde, mais dans toutes les réflexions où je me laisse embringuer.
Alors très succinctement, je tiens à dire en quelques mots que le thème de la guerre reviendra assez régulièrement sous mon clavier, et j’espère ne pas me transformer en oiseau de mauvais augure qui prédit toujours le pire. Mais enfin, voici les simples prémices qui m’amènent à sentir l’inéluctabilité de conflits interminables.
Précaution oratoire : ce que je vais dire est choquant, révoltant, répulsif. Eloignez vos enfants de cet écran, âmes sensibles s’abstenir.
1- Nous y sommes. Nous sommes déjà entrés dans une logique de guerre, et une pratique qui semble naturelle à tous. Nous sommes en guerre (Irak, Afghanistan, pour ne parler que de ces deux régions) et nos familles se croient en paix. Etanchéité entre des réalités contradictoires et concomittantes. Rien ne s’oppose donc à ce que ces conflits prennent de plus en plus de place, dans l’aveuglement provisoire de nos populations nanties.
2- La guerre est une conséquence des crises graves, si ce n’est une solution. La crise de 1929 et le marasme des années 1930 ont trouvé leur issue dans l’économie de la seconde guerre mondiale. N’oublions pas qu’à la crise économique peut s’ajouter des catastrophes naturelles, écologiques, industrielles. La situation peut s’aggraver très vite, et les famines arrivent toujours aux plus mauvais moments.
La question se pose alors : la guerre d’accord, mais qui contre qui, et sur quels champs de bataille ? Je ne prendrai qu’un exemple frappant. Un pays qui s’arme à grande vitesse et qui prépare le monde entier à ses intentions : la Chine. Elle m’amène au troisième point.
3- La guerre est une façon de faire quelque chose de ses pauvres, et de focaliser l’attention du peuple, donc de garder le pouvoir. La Chine fait face à un désordre social qui va croissant, avec une pauvreté qui pouvait être étouffée quand la croissance était à deux chiffres, mais qui ne peut plus l’être désormais que l’économie chute. Des centaines de millions de gens n’auront bientôt plus d’espoir d’une vie meilleure. Il faut leur trouver du travail avant qu’ils ne se révoltent, et la guerre permet de résoudre ce problème, théoriquement : la guerre tue beaucoup de gens (surtout les pauvres, que l’on met en première ligne) et en emploie beaucoup aussi. (Par ailleurs, la plupart des gens qui meurent pendant la guerre sont les hommes, et il y a beaucoup trop d’hommes en Chine.)
4- La guerre est le moyen le plus efficace de prendre le pouvoir, ou de le garder. Or, dans les moments de trouble, les classes et les castes dirigeantes se sentent menacées. Les Etats-Unis sentent leur leadership menacé, les Occidentaux sentent leur autorité et leur supériorité menacées, les partis uniques se sentent menacés dans leur essence. Le PCC a déjà perdu toute crédibilité idéologique, sa légitimité repose entièrement sur le mieux-être économique. Il suffit que cela se fragilise et tout s’écroule.
5- Les champs de bataille sont nombreux. Je n’en citerai que deux. Taiwan (guerre navale et aérienne) et l’Asie centrale (guerre terrestre). Ce n’est un secret pour personne, la Chine fait un travail de diplomatie depuis des années dans le monde entier sur le thème : « un peuple, un pays », sous-entendu, Taiwan doit (re)venir dans le giron de la Chine continentale, au besoin par la force. Or les Taiwanais, dans leur immense majorité, ne le veulent pas. Pas plus que les Etats-Unis et le Japon. L’éventualité d’une guerre dans cette région est parfaitement intégrée dans les consciences des habitants de l’île. L’Asie centrale, quant à elle, est le lieu du pétrole et les grandes puissances en ont un besoin tyrannique. Ils trouveront toute sorte de raisons pour contrôler les terres et le sous-sol (lutte contre le terrorisme, histoire, rien ne nous sera épargné.)
Je m’arrête là, persuadé que les commentateurs de la vie contemporaine ont des idées tout aussi funestes que moi, mais qu’ils ne les expriment pas ouvertement. Il faut être un peu fou et irresponsable pour écrire ce que j’écris là. Cela tombe assez bien, je suis légèrement timbré et parfaitement irresponsable.