Le sage précaire sur le podium des chercheurs

Mon profil sur Academia, le 25 octobre 2022

Hier, le site américain de partage des recherches, Academia, m’a notifié la nouvelle que j’avais atteint, en termes d’influence internationale, un stade supérieur dans le classement : je faisais maintenant partie du « top 2 % ».

Ce site est un réseau social destiné aux gens qui publient des articles et des livres universitaires et/ou qui cherchent des références et des publications en rapport à leurs recherches. Il paraît que ça compte dans le monde académique contemporain. Il semblerait que certains pays trouvent cela important et le prennent en compte quand ils évaluent les performances d’un enseignant-chercheur.

J’ai donc décidé de télécharger mes articles il y a quelques années. De temps en temps, ça me prend, je télécharge de nouvelles choses. Je ne me suis pas limité aux publications strictement universitaires. Quelques billets de ce blog ont aussi eu le privilège d’être présentés comme des propositions de recherche. Bien m’en a pris : le billet sur « Le Pénis de Flaubert à Istanbul« , ou celui sur « La Mort du subjonctif » ont attiré des centaines de lecteurs parmi les chercheurs en linguistique et en urologie !

Alors que signifie le fait d’être classé parmi les 2 % les meilleurs sur ce site ? Dieu seul le sait. Ce n’est pas cela en tout cas qui va convaincre des universités de m’offrir un job, ni des éditeurs de publier mes livres. Mon explication de ce succès relatif et inattendu est la suivante :

  1. Les gens de mon âge qui ne sont pas universitaires ont abandonné la recherche depuis longtemps, ainsi que tout espoir d’être recrutés par une université.
  2. Les gens de mon âge qui sont employés dans une fac le sont depuis longtemps et ne s’intéressent pas aux réseaux sociaux, ou seulement de manière dissimulée. Leur profil existent mais ils s’y investissent mollement.
  3. Les jeunes universitaires, eux, s’y investissent beaucoup et sont très actifs, mais ils ont peu de publications à leur actif comparé aux vieux loups de mer.
  4. Mes publications touchent à des domaines assez divers : littérature, études chinoises, études arabes, études islamiques, orientalisme, linguistique, philosophie, études irlandaises, et même, comme je l’ai déjà mentionné, urologie. Cela augmente l’assiette des ordinateurs susceptibles de cliquer sur une de mes publications.

Encore un effort, sagesse précaire, pour te hisser au Top 1 % des chercheurs et décrocher ainsi la palme d’or des reconnaissances inutiles !

7 commentaires sur “Le sage précaire sur le podium des chercheurs

  1. Bonjour Guillaume,
    Ce billet me rappelle un de nos profs qui, à chaque dissertation, avait justement pour habitude de tester nos connaissances acquises au-delà du programme de cours en attirant notre attention, je cite : « j’ai besoin des citations d’auteurs aussi célèbres que non célèbres comme références et illustration. Donc, ne parsemez pas – et surtout pas de façon fantaisiste – vos compositions des noms de Kant, Hannah Arendt, JP Sartre, … comme s’ils étaient les seuls penseurs! »:-). Puis il finissait par dire « Épatez-moi en m’apprenant de nouveaux noms d’auteurs – d’autres cieux – même s’ils n’ont publié qu’un seul article jamais cité en bibliographie ». Cela nous faisait rire.
    Bref, bravo pour le 2% d’influence internationale. Petit à petit vous atteindrez plus de 50% car pour parcourir de 100km, dit-on, on commence par un pas.

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  2. Pour rebondir sur ce qu’écrit Cochonfucius : au cnrs, ird, facs (maitres de conf), … il n’y a plus par ailleurs de limite d’âge pour concourir. Il y a aussi de recrutement sans concours qui bénéficient même aux chercheurs de nationalité étrangère. Pourquoi pas tenter partout en France. De plus, votre doctorat effectué, en anglais, et ailleurs en milieu culturel autre qu’en France est un atout il me semble. Mais bon, je nuance quand même : d’autres réalités pourraient m’échapper concernant l’opération de recrutement.

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