Laissons les footeux chambrer les footeux, et les Argentins les Français

Le gardien de but argentin s’est amusé pendant plusieurs jours à chambrer Kylian Mbappé. On se souvient de ses petites bêtises : une minute de silence pour Mbappé dans le vestiaire, des gestes obscènes, des poupées à l’effigie de l’attaquant français. Chez des supporters argentins, beaucoup de joie s’exprime dans la dégradation de l’appartenance ethnique des joueurs français. Des photos du buteur français brûlées, moquées, huées.

Tout cela est très bienvenu. Je ne sais pas pourquoi des journalistes et des influenceurs sont choqués par ces outrages.

Pour le sage précaire, au contraire, ces marques de joie lourdingues sont une preuve éclatante que les Argentins avaient une peur bleue de l’équipe de France. Tellement peur qu’ils ont ressenti le besoin de relâcher la pression qui avait étreint leur coeur pendant la finale de la coupe du monde.

Nous devons voir ces moqueries comme un hommage rendu à la dangerosité de Mbappé et de l’équipe de France. Quand on ne se moquera plus d’eux, c’est que nous serons devenus inoffensifs. Moi qui ai grandi dans une France qui ne gagnait rien au football, je vous le dis : profitez des quolibets de ceux qui nous détestent, bientôt, les gens nous traiteront avec amitié et tendresse, et ce sera le signe du déclin.

22122022

La date de ce jour est remarquable du point de vue numérologique.

Trois paires de 2 séparées par un 1 et un 0.

C’est le genre de date que l’on peut retenir facilement. Je recommande donc à chacun de faire quelque chose qui devra être remémoré, comme un mot de passe ou un code secret. Il suffira pour saisir le code en question de se dire : « C’était une date, en décembre, fin 2022 je crois. Il faisait froid et je me disais justement que c’était rigolo cette suite de 22. »

C’est la dernière fois que nous pourrons jouir de cela.

L’année prochaine, il faudra attendre le 23 03 23 pour avoir quelque chose d’amusant.

Le mieux sera le 21 janvier de l’année 2345, afin d’accéder à une suite de 0 à 5 : 21 01 2345.

Adrien Quatennens va-t-il mourir de sa propre gifle ?

Le député de gauche est en conflit avec son épouse et a avoué lui avoir donné une gifle lors d’une dispute il y a plus d’un an. On connaît cette histoire, c’est l’éternelle tragédie des couples et des familles, dont on aimerait oublier qu’ils sont les espaces les plus névrotiques de la société.

Les gifles sont inacceptables et interdites par la loi, il est donc bon de voir un individu condamné pour cela. Il ne s’agit pas d’atténuer le geste de Quatennens, ni d’occulter les souffrances de sa femme Céline. Or le mari, Adrien, a confessé sa faute, il a reconnu que ce n’était pas acceptable. Il a demandé pardon. Nous ne sommes pas devant un de ces agresseurs qui nient et qui cherchent à salir leurs victimes, comme le ministre Gérald Darmanin, les anciens ministres Nicolas Hulot et Damien Abad.

Par ailleurs, son épouse ayant porté plainte, la justice le condamne à une peine de prison et à une amende. C’est une peine très lourde pour une gifle et un comportement de mari malheureux. Quatennens accepte ce jugement et ne fait pas appel. Nous ne sommes pas non plus devant un récidiviste qui nie la légitimité du tribunal, mais bien devant un homme digne qui reconnaît ses torts. Cela doit être mis à son actif. Que l’on compare à titre d’exemple les réactions d’Eric Zemmour face à ses condamnations pour racisme et face à ses accusatrices d’agressions sexuelles. Zemmour nie et accuse, même quand il est reconnu coupable et condamné, persuadé que la politique doit être cynique et cruelle. Espérons qu’Adrien Quatennens n’ait pas à regretter d’avoir fait preuve de raison et d’humanité en reconnaissant ses fautes et en acceptant sa condamnation.

Cependant, la justice ne frappe pas l’élu d’inéligibilité, il a donc le droit de rester député jusqu’à la fin de son mandat. Or, des camarades d’Adrien Quatennens en appellent à sa démission, à son exclusion du groupe NUPES à l’assemblée nationale. Dans son propre camp, des gens veulent sa mort politique et sociale.

Selon moi, ces gens vont trop loin. Ils mélangent justice rationnelle et tribunal émotionnel. Il y a chez eux une volonté d’humiliation qui n’est pas supportable.

J’écris ici en tant que citoyen banal, qui n’a pas plus ni moins de légitimité qu’un autre pour évoquer les événements publics. Cependant, comme j’ai annoncé sur ce blog avoir voté pour le mouvement politique incarné par Quatennens, je me sens doublement concerné par cette affaire.

Législatives 2022 : mes consignes de vote

La Précarité du sage, 12 juin 2022

Du point de vue militant, certains pensent que Quatennens devient un boulet pour la gauche, qu’il faut le sacrifier pour ne pas perdre l’électorat féministe. Je prends la parole pour dire que les féministes véritables ne pourront pas se réjouir de mesures injustes, punitives et humiliantes. L’homme a commis des fautes dans son couple, il les a avouées et il a payé un prix déjà lourd. Le féministe que je suis se sentirait trahi si des camarades obtenaient la mort social d’un des leurs pour ce motif. Je me sentirais floué et, pour le coup, je pourrais être tenté de me retirer de ce camp politique.

Réfléchissez bien aux conséquences électorales de vos décisions, mesdames et messieurs de la NUPES. Pesez vos paroles. Des milliers d’électrices et d’électeurs pourront se sentir blessés et trompés de vous savoir incapables de pardon, prompts à l’acharnement et fanatiques. Pour ma part, les appels à la démission que j’ai entendus ont plutôt tendance à m’éloigner de ceux qui les lancent.

Le féministe que je suis en appelle à l’apaisement. Il faut laisser Céline et Adrien Quatennens tranquilles. Qu’ils divorcent en paix et qu’ils se reconstruisent comme ils peuvent une vie l’un sans l’autre. Pour le reste, que chacun fasse preuve de retenue et de sagesse.

La France assure encore le spectacle. Argentine 3 – France 3

Ce fut une bien belle soirée. Une soirée de finale de coupe du monde. La France a mal joué et mérite sa défaite mais elle a fait en sorte que ce fût une belle soirée.

En fait, c’était un après-midi. Mais un dimanche après-midi de décembre se vit comme un début de soirée quand on est entre copains regroupés autour d’un poêle à bois.

L’équipe de France a très mal joué, ce qui est habituel, mais cette fois elle jouait si mal que les Argentins marquaient des buts contre nous. J’étais prostré sur le canapé et ne supportais pas les commentaires des uns et des autres. Pendant plus d’une heure j’étais déprimé. En revanche, quand Kylian Mbappé a marqué ses deux buts en deux minutes, j’ai exulté, un peu comme le président Macron qui se déchaîna dans le public de Doha. Nous pouvions perdre, ce n’était pas la fin du monde, mais au moins on avait égalisé et notre joueur fétiche, Mbappé, avait montré son génie en une reprise de volée impossible pour le commun des mortels.

Surtout, la France avait repris son rôle mondialement connu d’équipe insupportable, imbattable, impraticable. L’équipe qui fait le spectacle. Qui renverse des montagnes.

Les Argentins ont répété hier soir ce que les Anglais, les Marocains, les Croates et les Belges avaient dit avant eux : les Français étaient moins bons que nous.

Et pendant les prolongations, rebelote. Leo Messi marque et le monde entier exulte car le monde entier est traditionnellement contre la France. Les supporters pensent pouvoir chambrer les Français mais ne peuvent dissimuler une crainte de ce qui va arriver : encore un but de Mbappé pour un score de parité. 3 – 3. Notre joie fut immense car c’était des buts venus de nulle part, comme des cadeaux du ciel, des trucs absolument immérités.

Aussi immérité que d’avoir des génies du type Mbappé dans nos rangs.

Grâce à cette défaite, j’ai gagné 27 euros en pari sportif. J’avais parié pour l’adversaire de la France pour au moins retirer quelque chose d’une éventuelle défaite. Ces 27 euros, je vais les investir en tirages de Loto échelonnés sur 27 tirages pour devenir millionnaire. Comme Mbappé.

Scandale de corruption : le sage précaire n’a pas perçu un euro

Image générée quand j’ai saisi « Corruption, Qatar, cadeaux ». Photo de Adrienne Andersen sur Pexels.com

Des membres éminents des parlements européens ont reçu des millions d’euros et des cadeaux extravagants de la part du Qatar en échange de leur soutien. Scandale de corruption, il n’y a pas d’autres mots. Qu’on mette tout ce monde en prison.

Le sage précaire est d’autant plus en colère contre toute cette mafia que lui même n’a jamais profité de la manne qatarienne.

C’est comme cela que vous remerciez La Précarité du sage de s’être engagé à vos côtés, messieurs les émirs ? Pas un billet de 50, pas un bibelot en or, pas un tapis brodé ? Je veux ma part de la corruption pétrolière car j’ai posé mes couilles sur la table. (Je ne sais pas ce que signifie vraiment cette dernière expression, j’espère l’employer ici à bon escient.)

« Le monde est gangréné par l’argent sale », affirmait le juge belge Michel Claise qui a dirigé l’enquête. Mais cette gangrène s’est arrêtée en bon chemin, voilà ce qu’il faut dénoncer. L’argent sale n’est pas allé jusque dans les Cévennes pour arroser cette saloperie corrompue qu’on appelle le sage précaire. Si je ne reçois rien d’ici le réveillon, j’écris à Edwy Plenel.

J’affirme une dernière fois que cette coupe du monde n’est pas plus scandaleuse que celles qui ont précédé, que les Qatariens font ce qu’ils veulent de leurs pétrodollars, et j’attends avant Noël un virement ou un cadeau digne de ce nom.

Je réitère publiquement que nous, Européens, avons plutôt des leçons à prendre qu’à donner sur le traitement des migrants, puisque nous profitons illégalement de travailleurs clandestins tout en les accusant de menacer notre « civilisation ». Je persiste en effet et me tiens prêt à retirer une valise de billets sous forme de Colissimo, dans un point relais de la région de Ganges et du pays Viganais. Avant la fin de l’année 2022 si c’est possible.

France-Maroc en demi-finale

Photo de Ku00e1ssia Melo sur Pexels.com

Il ne faut pas sous-estimer ce qui se passe autour de l’équipe du Maroc durant ce Mondial 2022. Le succès de cette équipe, qui est la première nation africaine à disputer une demi-finale de coupe du monde, suscite un enthousiasme dans tout le monde arabe. Il n’est pas indifférent de noter que c’est un pays arabe qui organise l’événement, pour la première fois également.

Pendant que nos belles âmes boycottaient l’événement, purgeaient leur mauvaise conscience sur le dos des autres, se présentaient en chevaliers blancs immaculés et présentaient le Qatar comme un pays qui maltraite les travailleurs migrants, de nombreux individus sentaient en eux une espèce de vague fierté à voir un pays arabe réussir à obtenir ce genre de privilège idiot qui n’appartient qu’aux occidentaux d’habitude.

Selon moi il y aura un avant et un après Qatar 2022. Au final, et avec le recul, on finira par accepter l’événement et à le considérer comme une avancée dans le décentrement du monde. Souvenons-nous de la coupe du monde 2002 en Corée et au Japon. Cela coïncidait avec l’arrivée de la Chine dans le commerce international et l’affirmation de l’extrême-Orient dans les nouveaux équilibres mondiaux. Il y avait eu des succès incroyables des équipes japonaise et coréenne. Vingt ans plus tard, on se souvient tous de l’épopée des Coréens. Ils avaient perdu en demi-finale 1 à 0 contre l’Allemagne. Le public était en feu. L’Asie tout entière était en feu.

Nous retrouvons quelque chose de similaire avec le monde arabe aujourd’hui. On voit des reportages non seulement dans les pays du Maghreb et au Qatar, mais un peu partout dans le monde arabe. Dans le bande de Gaza, les Palestiniens exultent. Dans les rues de Bagdad, et même de la douce Mascate, les célébrations vont bon train.

Le Maroc incarne donc l’arabité dans son ensemble. J’ai des amis qui y voient plutôt une ferveur religieuse et qui prétendent célébrer une nation musulmane, dans la joie d’une « Umma » réunie et souriante. Je ne souscris pas trop à cette interprétation, pour la raison que la joie des pays musulmans asiatiques et subsahariens est beaucoup moins démonstrative. Bien entendu, ils soutiennent tous le Maroc, et d’autant plus ardemment que les Lions de l’Atlas affronteront la France, mais on ne voit pas chez eux de célébration particulière.

De plus, s’il fallait regarder les choses sous l’angle confessionnel, il faudrait compter le nombre de musulmans dans l’équipe de France… Vous voyez ce que je veux dire.

Alors qu’en pense la sagesse précaire ? Vous vous demandez tous pour qui mon coeur va battre. La réponse est facile car nous nous trouvons dans une situation très confortable pour un sage précaire. Je supporte la France sans aucune ambiguïté et je la vois aller jusqu’au bout après avoir été certain qu’elle s’effondrerait dès les phases de poule. En revanche, si le Maroc se qualifie, ma déconvenue sera consolée par la joie de voir un pays arabe réaliser l’exploit d’une finale en coupe du monde.

Comment la laïcité est kidnappée par les identitaires

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La laïcité, au XIXe siècle, était une valeur républicaine qui avait pour but de créer un espace public séparée des pouvoirs religieux. Fondée sur la philosophie du XVIIIe siècle, la laïcité devait garantir une vie politique émancipée de l’influence du pape, des évêques et des curés.

Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable.

Emmanuel Kant, Qu’est-ce que les Lumières, 1784.

En France, les religions minoritaires soutenaient à fond la laïcité car cette dernière était exclusivement dirigée contre le contrôle qu’exerçait l’église catholique. Les protestants et les juifs ont toujours été de fervents laïcards.

Depuis les années 2000, le terme de laïcité revient très fort sur la scène intellectuelle alors même que les gens désertent les églises, que le catholicisme français n’est plus que l’ombre de lui-même.

Le petit réseau de privilégiés « Conférence Olivain » a organisé une journée d’étude à Science Po l’année dernière sur le thème « S’emparer de la laïcité ». Guillaume Renée, président de la « Branche Jeune », prit la parole pour ouvrir le colloque. Diplômé de Science-Po, élève de l’ENS, chef de projet au ministère de l’intérieur, M. Renée en connaît un rayon sur la laïcité, sinon il n’aurait pas suivi ce brillant parcours ! Il explique ainsi pourquoi il était urgent de réfléchir sur la laïcité en ces années 2020 :

D’une part, la laïcité est un thème d’une actualité permanente. Une actualité parfois effroyable. L’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, le 16 octobre 2020, nous le rappelle.

Guillaume Renée, « Conférence Olivain »

Voilà ce que nos élites ont fait de notre laïcité.

Avant, le risque dont il fallait se prémunir, c’était une église surpuissante qui pesait sur les consciences. Aujourd’hui on brandit la laïcité pour se protéger de meurtriers isolés.

En 1905, la laïcité servait à nous protéger d’une classe dirigeante, riche, privilégiée, conservatrice et même réactionnaire. Maintenant, l’élite nouvelle la porte en bandoulière pour incriminer des personnes marginalisées, pauvres et précaires.

En 1905, la république devait se défaire de l’influence d’une église organisée et hiérarchisée. Depuis les années 2000, l’élite veut nous faire croire que le danger vient de musulmans incultes qui ne prêchent dans aucune mosquée, qui ne comprennent rien à leur propre religion.

En 1905, le danger qu’il fallait éviter, c’était la scission du peuple français car toutes les personnes concernées, catholiques ou libre-penseurs, étaient français. Cent ans plus tard, les coups de boutoir dans la laïcité viendraient d’étrangers, sans-papiers, clandestins. Les assassins crient « Allah Akbar » avec la même conviction que l’immigré italien cria « Vive l’Anarchie » lors de l’attentat qui coûta la vie au président de la république Sadi Carnot dans les années 1890.

Que l’on compare une seconde les attentats de la troisième république et ceux qui sont commis par les imbéciles depuis 2015 : à l’époque ils ne se bornaient pas à tuer des innocents dans la rue ou des dessinateurs dans un immeuble. Ils lançaient des bombes dans l’assemblée nationale et ils tuaient des chefs d’État. Les institutions de la république pouvaient sentir le danger.

Quand la France connut cette vague d’attentats dits « anarchistes », au XIXe siècle, cela donna lieu aux fameuses « lois scélérates » dénoncées par Jean Jaurès qui n’était pas, lui, ni anarchiste ni terroriste. En revanche, quand le même pays chercha à se protéger contre un vrai système de pensée et de contrôle comme l’église, il a dû inventer plus qu’une loi : la laïcité définissait un nouveau cadre de pensée pour organiser la société indépendamment des décisions de l’église.

La France a connu de nouvelles vagues d’attentats dits « islamistes », un siècle plus tard. Une poignée de Français, quelques Tchétchènes, des illuminés tunisiens, des pauvres abrutis sans âme et sans argent. Nos élites ont peur, ou veulent que nous ayons peur. Alors elles pointent du doigt les vêtements portés par les femmes, rappellent en boucle les attentats et dégainent le terme de laïcité.

Cela ne vous paraît pas évident qu’aujourd’hui le mot de laïcité n’est pas à sa place ? Que nos élites l’ont sciemment perverti ? Qu’il est devenu la façon de pouvoir être raciste sans le dire ouvertement ?

Libérons les homosexuels des prisons qatariennes

Photo de Mahrael Boutros sur Pexels.com

La première semaine de la coupe du monde au Qatar a permis aux gens célèbres d’exhiber leur belle âme dans les médias. Je note que l’objet qui a le plus attiré l’attention fut le brassard arc-en-ciel qui promeut l’idée selon laquelle l’amour est le même que l’on soit homo ou hétérosexuel.

Le philosophe Raphaël Einthoven raconte que le Qatar est une honte, que ce n’est pas un pays, que c’est un « fond de pension devant lequel on se couche », un état corrompu, homophobe, antisémite et misogyne.

Du personnel politique de premier rang s’est affiché dans les tribunes de stades, affublé de robe ou d’accessoires de mode aux couleurs de l’arc-en-ciel. L’équipe nationale d’Allemagne, très concernée par ce sujet, voulait porter un tel symbole sur leur tenue sportive. Comme cela leur a été interdit, ils ont pris une photo officielle en portant la main sur la bouche, en signe de protestation.

Après ce geste de courage politique, ils ont perdu leur match contre le Japon. Le sage précaire, s’il était allemand, dirait à ces jeunes gens : gagnez des matches d’abord et après nous parlerons politique. Mais apparemment, la presse allemande soutient l’engagement politique de la mannschaft.

Raphael Einthoven nous dit que l’homosexualité est punie de 7 ans de prison au Qatar, et par la mort si c’est un musulman. Les prisons sont donc pleines d’innocents qui n’ont commis d’autres crimes que d’aimer ? Voilà qui est choquant. Il faut faire quelque chose. Il ne suffit pas de porter un brassard, ni des chapeaux arc-en-ciel. Il faut écrire le nom de prisonniers sur les pancartes de supporter et appeler massivement à la libération de ces femmes et de ces hommes enfermés injustement pour avoir eu des rapports sexuels entre adultes consentants.

Je vais commencer sur ce blog en vous donnant le nom des homosexuels qui ont été exécutés au Qatar pendant toute cette période de préparation du Mondial.

Alors, depuis 2011, ont été assassinés par l’État du Qatar, pour crime d’homosexualité…

Attendez une seconde, je regarde mes fiches. Je consulte mes archives. Bon je ne trouve pas les noms en question, mais j’y reviendrai dans un prochain billet. Que cela ne nous arrête pas en si bon chemin. Occupons-nous maintenant des homosexuels embastillés.

Monsieur l’émir du Qatar, je soussigné Guillaume Thouroude, sage précaire de renom, vous demande instamment de faire preuve de mansuétude vis-à-vis de toutes celles et de tous ceux qui ont été incarcérés pour avoir conduit des rapports amoureux entre personnes de même sexe.

Voici les noms de celles et ceux que la communauté internationale veut voir libérés :

………………………..

Encore une fois je dois m’interrompre car je ne trouve aucun nom. Je vais pourtant sur les sites d’organisations de défense des droits humains, je me renseigne, je saisis des mots clés sur les moteurs de recherche. Je ne vois rien. De deux choses l’une, soit le Qatar n’emprisonne pas les homosexuels et sa loi homophobe n’est qu’un symbole, soit l’émirat a réussi à dissimuler ces prisonniers de nationalités diverses, à les rendre indétectables aux radars des ONG internationales.

Je lance donc un appel aux lecteurs de La Précarité du sage. Aidez-moi à mettre en lumière les homosexuels prisonniers qui ne méritent pas de rester une minute de plus dans cette geôle infâme.

Le mystère du parquet flottant

Nous avons passé le weekend à poser du parquet. Après deux jours de travail nous n’avons couvert que trois ou quatre mètres carrés de sol.

Samedi, toute la journée, nous avons essayé et essayé encore de faire tenir les lames ensemble. Nous avons échoué lamentablement. C’était d’une difficulté étonnante. Nous avions pourtant acheté ce parquet dans une grande enseigne qui certifiait que des bricoleurs pouvaient s’en sortir sans problème.

Ce qui était bizarre, c’est que nous avions déjà fait un essai au printemps. Prudents, nous avions acheté un seul paquet de plusieurs lames pour tester nos capacités. Nous avions pas mal galéré, et après pas mal d’échecs, nous finîmes par encastrer toutes les lames correctement.

Exactement le même scénario s’est produit hier. Nous perdions patience, nous nous engueulions, nous blessions nos mains et rien n’y faisait.

Je me raisonnais : on a déjà réussi à la faire une fois, il n’y a pas de raison qu’on échoue maintenant qu’on a acheté dix-huit paquets de lames. Finalement j’ai senti qu’il y avait du progrès dans nos tentatives, même si Hajer trouvait que nous n’avancions pas d’un pouce. Nous avons terminé la journée de samedi sur une note d’espoir mais pas tout à fait un succès.

Dimanche matin, forts de ces essais répétés de la veille, les choses furent plus faciles. Je ne sais si nous acquîmes une sorte de tour de main, ou une aide surnaturelle, mais les rangées de parquet réussirent enfin à se clipper.

Mystérieusement, vers midi, les rangées suivantes furent beaucoup plus faciles à poser, mais beaucoup, beaucoup plus faciles. Nous avions du mal à y croire. « Pourquoi n’y arrivait-on pas avant ? » C’était le même bois, les mêmes unités de parquet, achetés au même endroit, de la même marque, demandant la même méthode. Quelque chose s’était produit en nous, une obscure compétence était née.

Il ne fait guère de doute que la prochaine fois, nous ferons face à nouveau à ces difficultés qu’il faudra vaincre de haute lutte, avec patience et engueulades passagères.

Mes amis irlandais en visite

En l’espace d’un mois, j’ai reçu la visite de mes deux vieux amis irlandais. Tom et Barra.

Tom est venu brièvement chez nous fin octobre car il s’est organisé un tour de France selon sa vieille méthode : ferry, trains et cars. Comme cadeau il m’a apporté une miche de pain qu’il se cuisine chaque semaine. C’était mon souhait car j’ai toujours adoré son pain. Hajer l’a trouvé délicieux aussi.

Tom vient de passer la barre des soixante ans. C’est la première fois qu’il m’avoue son âge. Avant, je ne pouvais que deviner en fonction de ses anecdotes de jeunesse qui se déroulaient dans les années 1980.

Barra est venu mardi dernier et nous avons passé la journée à Montpellier. Lui aussi a suivi sa vieille habitude de voyage, très différente de celle de Tom. Il a pris un billet d’avion de manière impulsive, sans savoir où il dormirait ni ce qu’il ferait en France. Il a sauté dans l’inconnu, comme lorsque nous étions jeunes et que nous nous baladions ensemble en Hongrie, en Chine ou en Suède.

Tom et Barra n’ont pas changé, pas d’un iota. Barra continue d’aller à des concerts, Tom continue de vivre d’expédients. Barra continue de voyager sur des coups de tête. Tom fait toujours preuve d’une organisation maniaque et poétique, tandis que Barra rate ses trains et ses avions. Barra réserve un billet pour Toulouse pour prendre son avion pour Dublin, alors qu’il a réservé son retour depuis Lyon St Exupéry.

J’ai demandé à Barra combien il gagnait en tant que professeur. Plutôt que de me parler d’argent, il m’a montré la grille des salaires des enseignants irlandais. Ils commencent à plus de 3000 euros par mois et terminent leur carrière au-delà de 7000. Ils touchent des primes de plusieurs sortes avec ça. Entre la France et l’Irlande, c’est une différence de traitements qui va du simple au double.

Barra portait un t-shirt flanqué d’un message « Listowell festival ». Il attendait une réaction de ma part mais ma mémoire me jouait des tours. Il s’agissait d’un pub où nous passâmes une soirée avec Tom, en 2011. Il me rappelait la chanson que toute la compagnie avait chantée en choeur : Only our divers run free.

Nous n’avons pris aucune photographie.