Charles Forsdick

Le meilleur connaisseur de la littérature du voyage française du XXe siècle est un Anglais !

J’aime ces phrases à la fois vraies et percutantes. Provocantes, agaçantes, désarmantes.

Charles Forsdick, j’ai déjà parlé de lui à propos du Cercle de Liverpool. Il en est la pièce maîtresse, car sa pente naturelle est de canaliser et regrouper les énergies.  

Il a d’abord publié un livre sur Victor Segalen, en l’an 2000. Il a continué sur sa lancée et a critiqué ce qu’il appelle le « mouvement Pour une littérature voyageuse », du nom du livre-manifeste de 1992 dont j’ai déjà parlé ici. Il est le premier, sinon le seul, à avoir développé une théorie de ces agitations paratextuelles animées par Michel Le Bris, comprenant un festival, des éditions, des manifestes, etc.

Ainsi, spécialiste à la fois d’un écrivain de la Belle époque et d’un mouvement post-89, Forsdick tenait le XXe siècle par les deux bouts et pouvait faire une étude sérieuse sur le voyage français au XXe siècle dans son ensemble. Ce qui fut fait avec Travel in Twentieth-century French and Francophone Cultures. The Persistence of Diversity (Oxford, 2005). Il y aborde la question du voyage sous l’angle postcolonial, ou à travers le prisme du fait colonial : plutôt que de structurer ses chapitres en fonctions des deux guerres mondiales, par exemple, il propose un mouvement qui va d’une « fin de siècle » à l’autre. Du colonialisme de l’époque de Loti et Segalen, au postcolonialisme actuel, analysant des textes progressistes, et des productions néocoloniales.

Il a aussi écrit un livre sur Ella Maillard (Zoé, 2008), et d’autres articles sur les femmes voyageuses, ce qui le fait entrer en écho avec les études féministes sur le récit de voyage, qui est un champ très vivant chez les anglophones.

Ce qui est très original chez Forsdick, c’est qu’il fait correspondre les approches des Cultural studies et les aspects littéraires des textes, leur aspect formel. Il occupe donc une place centrale, incontournable, lorsqu’on s’intéresse au récit de voyage comme genre littéraire.  

Des journaux anglais

En ces jours où les journaux français changent de patrons, dans une recherche de succès qui ressemble à une fuite en avant, le Français qui vit au Royaume-Uni a quelque chose à dire.

La presse anglaise, ce n’est pas qu’elle est de meilleure qualité. Bien sûr qu’elle est de meilleure, de bien meilleure qualité que la presse française, mais ce n’est pas cela que je voulais dire.

Ce qui me plaît, c’est que chaque jour, les journaux sont plus que des rendez-vous quotidiens, plus que des informations, plus que du divertissement. Les journaux anglais sont encore plus qu’une institution nationale, plus qu’un rituel individuel et collectif.

Pour moi, et je crois pour beaucoup de Britanniques, le journal du matin est une véritable fête. Une fête pour l’esprit, pour les yeux, pour les mains. Ils sont épais, ils sont brillants, il y a de très belles photos. Il y a encore de vrais reporters, et de très grandes plumes. Il y a presque chaque jour une dizaine de pages de sport. Acheter le Guardian, c’est comme avoir Le Monde et L’Equipe pour un euro cinquante. On en a pour son argent. Sans compter que c’est tous les jours d’un très haut niveau sur chaque rubrique, autant pour l’investigation que pour l’analyse. Autant pour la culture que pour la politique internationale.

Les journaux anglais sont si bons qu’ils n’ont pas besoin de magazines hebdomadaires.

Alors comment font-ils, ces Anglais ? Quelle est leur recette ? Ce n’est certes pas de changer de patrons, et de faire des effets d’annonce. A mon avis, leur succès tient en deux choses simples et difficiles à faire. Premièrement, ils sont en vente partout, dans tous les quartiers, toutes les supérettes, bien en vue, et sur tout le territoire, jusque dans les bleds les plus reculés. Allez trouver Le Monde dans les villages français, vous verrez la différence.

Deuxièmement, les Anglais ont aussi l’opportunité d’acheter des journaux trash, des tabloïds, où le populisme le dispute l’amour des jeunes filles aux fortes poitrines. Cette décharge de mauvais goût, de violence verbale, de racisme, fonctionne comme une soupape de sécurité, et comme une sorte de locomotive pour la presse dans son ensemble. Les Britanniques font très bien la différence, ils savent quels journaux sont de caniveaux, et lesquels sont de qualité, mais leur présence côte à côte incite à la consommation, et ce dans l’ensemble des classes sociales. Car de nombreux consommateurs, au magasin, achètent deux journaux, un pour s’informer et un pour se rincer l’oeil. Un pour l’image sociale, et un pour satisfaire ses bas instincts.

Commençons par regarder les Anglais avant de les imiter. Allons dans les cafés et les foyers. Observons-les feuilleter leur journaux pendant que leur thé refroidit. La délectation se lit sur leur calme visage. Il ne faut pas les déranger, ils se laissent aller à un long moment de jouissance intime, ils prennent soin d’eux, ils entrent en eux-mêmes en sirotant leur thé au lait. Ils oublient tout autour d’eux.

Et nous ne saurons rien de ce qu’ils ont retiré de leur lecture quotidienne. C’était un moment de pur plaisir, quotidien, secret, silencieux.

Greenwich, le centre du monde

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Quel endroit au monde peut avoir plus de puissance émotive pour un amoureux de la littérature des voyage ? Greenwich, le centre du monde, le temps 0 à partir d’où la terre entière est mesurée, coupée en rondelles ?

La critique est très facile, et je ne m’y laisserai pas prendre. On le sait que c’est mal de vouloir centraliser la vision du monde, et que c’est méchant de hiérarchiser les espaces, et que ce n’est pas gentil pour les étrangers que de se percevoir soi-même au centre de l’univers.

Ah, what the fuck! Les Anglais sont au centre du monde, et puis c’est tout. Ils l’ont mérité, que diable, vous avez vu les générations de génies scientifiques et techniques il a fallu pour créer ces horloges, ces bateaux, ces observatoires ? Quel argent il a fallu investir, année après année, monarque après monarque ?

Visiter Greenwich, c’est frémir devant l’incroyable épopée scientifique, où tout est lié inextricablement : la connaissance scientifique, la mesure du temps, la connaissance de l’espace, la capacité à éviter les tempêtes, les voyages au long cours, la découverte de nouveaux mondes, l’impérialisation, la colonisation, la domination politique, économique et militaire de l’Europe.

C’est un des endroits les plus intenses, historiquement, de l’Europe moderne.    

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De la francophobie ordinaire

Hier, lors des examens oraux de français, des étudiants ont encore dit que la France était le pays le plus raciste d’Europe. C’est une tendance nette et lourde de l’opinion estudiantine, comme je m’en étais déjà aperçu il y a quelques mois.

Des étudiants britanniques peuvent dire de telles choses sans que cela choque le personnel universitaire.

Cela ne choque personne parce qu’au fond nos amis britanniques pensent comme cela.

Au Royaume-Uni, toutes les formes de racisme sont combattues, dans les lieux prévus à cet effet (universités, journaux, associations). Cela n’empêche pas l’expression violente du racisme dans les espaces plus incontrôlés (les tabloïds et les quartiers populaires). Une forme de racisme reste autorisée cependant, peut-être même encouragée, la francophobie. Tout propos dégradant sur la France sera considéré comme rationnel, comme une opinion acceptable.

Je me demande si la même chose s’observe dans les études espagnoles, allemandes, italiennes. Y développe-t-on le même mépris pour la culture enseignée ? Et inversement, comment cela se passe-t-il en France, dans les départements d’anglais ? Cherche-t-on plutôt à comprendre et à aimer cette magnifique culture britannique, que pour ma part je parcours avec ravissement depuis dix ans, ou laisse-t-on proliférer les germes d’un racisme anglophobe aussi facile que répréhensible ?

J’ai même entendu un étudiant dire que les Français se sentaient menacés par les cuisines et les musiques venues d’ailleurs. J’ai cru rêver. Y a-t-il des gens, en Europe, qui écoutent plus de musique africaine que les Français ?

Cette session d’oral m’a mis par terre, je l’avoue. Je ne suis même pas révolté. Je me suis retrouvé triste et profondément démotivé. Mais je ne me plains pas, c’est un des coups que l’on prend quand on voyage, quand on migre ou qu’on nomadise. C’est surtout la face opposée de la capacité d’émerveillement. Plus on est capable d’être affecté par les beautés, plus les laideurs nous heurtent.

Comment on en vient à détester la littérature

 Rachel Rueckert, une étudiante américaine, raconte comment un livre lui a fait prendre conscience des dimensions idéologiques de la littérature classique. Comment une fille qui adore les grands auteurs anglais finit par les abandonner pour se tourner vers l’étude de la littérature postcoloniale. Bizarrement, l’intérêt pour d’autres littératures passent par le rejet des classiques.

« I used to read Victorian novels and covet the leisure of the upper classes, but that is probably me. It is the useless on an everyday scale. A book will not help me feed my family or till the farm. These things that I have dedicated my life to studying are just that. A privilege. Something that few others could ever enjoy. »

Elle doit passer par la mise en question de l’apprentissage de la lecture, l’éducation, la culture générale. Proche en cela des paroles d’un écrivain à la mode comme François Bégaudeau, elle se dit que c’est autoritaire d’inviter à aimer les grands textes.

 » I feel ethnocentric in even being disappointed that the kids don’t read. Why should they be reading the English classics from the “center?” This book seems to argue that the “center” is an illusion, yet another concept imposed through colonialism. »

Elle prend conscience que son pays, les Etats-Unis, est en situation post-coloniale.

« Until now, I have never thought of the United States as postcolonial, as I mentioned before, but more importantly, I do not think I ever realized that we kind of still are, and it affects me. »

Elle fait cette confession dans une critique qu’elle a posté sur « Google books », à propos du très fameux The Empire Writes Back, de Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin. Manque de pot, elle a lu ce livre avant d’aller en Angleterre, où elle avait rêvé d’aller, sur les pas des grands écrivains. Horreur! L’Angleterre, apprend-elle, est le « centre »!

« I read this book while planning a layover in London for in two weeks during the last week of my stay in Ghana. My whole life I had looked forward to the day when I could go on that pilgrimage of a sort. Walk the paths that Virginia Woolf walked, sit in the pub of C.S. Lewis lectured in, or stand on thee bank of the Themes with Matthew Arnold. It had always been my burning passion to see these places I have never been to, simply because it is what I have read and been exposed to. Never mind that like Piccadilly Circus, I did not know how to ride the tube (which, I kept calling the lue), it is “the center.”  »

Elle en vient à se poser des questions sur elle-même, sur ses propres envies, ses désirs et ses valeurs. Pourquoi suis-je attirée par cette vieille Angleterre, se demande-t-elle, plus même que par mon Amérique ?

« Why have I always gravitated to the English instead of the American writers? Why is England so much more appealing to me than Boston for school? Why am I to “the center” but a branch off the tree struggling to be grafted back in? »

Alors, elle a cherché à apprendre quelque chose de différent en allant en Afrique. Dans un pays anglophone quand même, parce que les belles âmes veulent bien s’ouvrir à l’Autre, mais il faut que l’Autre parle la langue de la vieille Angleterre victorienne centralisée.  

« Yet, I did not on the London study abroad with my fellow classmates. No. No rather I went to Ghana, somewhere in the red dirt with no address, hot shower, or Shakespeare’s Globe. Does that make me crazy, or did I learn something different? »

Et voilà que progressivement elle abandonne la littérature « dominante » pour se tourner vers les études postcoloniales.

« I was pleased to read that India and Africa have loud voices in postcolonial theory. Postcolonial literature is looking more and more like my course of study. »

 Voilà, c’est une assez jolie histoire de conversion, qui montre une des nombreuses facettes de ce qui se passe dans les humanités. Pauvres jeunes gens, en rejetant la littérature, si vous saviez combien vous perdez de plaisir. Au fond, dans le projet des sociologues qui veulent faire croire que les arts ne sont que le reflet des situations de dominations, il y a une haine du plaisir.

Mort annoncée d’une coalition

Ce n’est pas la première fois, chers amis, que je viendrai frimer sur ce blog et clamer : « I told you so. »

Je vous l’ai dit, en mai 2010, que la coalition au pouvoir en Grande Bretagne ne tiendrait jamais la route.

Il y a quelques jours, les étudiants anglais ont manifesté à Londres, et cela a dégénéré face à des forces de l’ordre dépassées dans la tour Millbank, siège du parti conservateur.

Les slogans les plus violents étaient en fait dirigés contre le vice-premier ministre, le libéral Nick Clegg. Les jeunes avaient voté pour lui car il avait promi, entre autres, qu’on ne toucherait pas aux droits d’inscription universitaires, déjà très élevés outre-Manche. Aujourd’hui, pour obtenir un diplôme, il faut déjà dépenser plus de 10 000 euros sur trois ans. Le gouvernement vient d’autoriser les facs à augmenter les frais, ce qui rendrait la licence universitaire à près de 40 000 euros.  

40 000 euros pour une licence, c’est une aberration politique, sociale et éducative. L’enseignement universitaire ne vaut pas ce prix-là, mais c’est un autre débat.

La question du jour, c’est que la coalition, je le répète, ne peut pas tenir. Les Lib Dem en ont déjà marre. S’ils veulent avoir des chances d’obtenir des voix aux prochaines élections, ils ont intérêt de quitter le gouvernement d’ici-là. Ce qui provoquera une crise politique, mais elle sera moins grave que la situation sociale qui ne peut que s’aggraver avec les mesures d’austérité mises en places ces derniers temps.

La colère du peuple est à venir

J’avais dit qu’une rumeur grondait au Royaume-Uni, mais je ne m’attendais pas être autant dans le vrai. Un journal a récemment changé de ton. Le grand quotidien de Belfast se fait l’écho ces temps-ci de l’angoisse de la population et en appelle au soulèvement.

Bien pensant autant qu’on peut l’être en Irlande du nord, le Belfast Telegraph publie la chronique d’une certaine Nuala McKeever. Titre de sa chronique: « It’s time to stand up and start fighting these unwanted cuts ». Ils ne nous avaient pas habitué à un tel ton, les unionistes modérés du BT.

Il faut rappeler le contexte. Le gouvernement conservateur du Royaume-Uni (coalition Tories/Liberal Democrats) a voté un budget extrêmement drastique qu’aucun économiste ne comprend. Le Guardian a interrogé dix prix Nobel d’économie, parmi lesquels un seul a soutenu le nouveau budget. Un autre a botté en touche en racontant que l’économie n’était pas une science exacte. Les huit autres ont déclaré que ces mesures d’austérité étaient exactement ce qu’il ne fallait pas faire dans une situation de croissance fragile.

En Irlande du nord, l’austérité va frapper de plein fouet la population, qui vit en grande partie des subsides de l’Etat. Ici moins qu’ailleurs, le secteur privé ne sera capable d’embaucher les travailleurs du secteur public mis au chômage.

Tout le monde s’inquiète. Chaque jour, les journaux évoquent les domaines de la société qui seront touchés par la réduction des dépenses. Hier, c’était la musique, un autre jour l’éducation, un autre jour les musées, la santé. Vendredi 22 octobre, une double page du Belfast Telegraph présentait une série d’aricles sous un titre général : « A long and difficult road awaits people of Ulster ».

Un ami irlandais m’a dit ce soir que toute sa vie avait été un cheminement de libéral. Il pensait qu’il fallait ne compter que sur soi-même, que toucher le chômage était indigne. Que l’Etat était meilleur quand il était faible. Mais depuis qu’il a vu les grandes banques demander de l’argent aux Etats, des sommes colossales, créant des déficits que les peuples doivent maintenant rembourser, il ne sait plus que penser. Il me dit que cela génère un sentiment de colère, de détresse. Il est certain que c’est la crise de 2008, et les coupes budgétaires d’aujourd’hui, qui causent le changement de ton perceptible dans la population et dans les journaux.

Dans le Belfast Telegraph d’hier, donc, Nuala McKeever écrit qu’elle a eu la divine surprise de voir une manifestation au centre ville de Belfast, avec « des gens de toutes sortes, des étudiants, des retraités, des travailleurs, des syndicalistes, des gros, des minces… » Elle s’émerveille de voir enfin des centaines et des centaines de gens. « Angry, smart, articulate, caring, loving, strong, entitled, wonderful, wonderful people », finit-elle par énoncer, profitant de l’homonymie entre « people » (les gens) et « people » (le peuple). Car elle en appelait au peuple, à la capacité de soulèvement du peuple.

Ce qu’elle disait, on avait l’habitude de le lire dans les journaux de gauche anglais, mais pas dans un journal nord-irlandais, plutôt proche des conservateurs. Elle dit qu’il est temps de dire non au gouvernement, temps de dire oui aux « idées alternatives qui fleurissent un peu partout ». Elle dit que le temps est venu d’être en colère: « Time to be angry is now! »

Tony Blair, l’Iraq et l’Iran

Je me souviens de l’époque où Tony Blair remuait ciel et terre pour aller faire la guerre en Irak, sous l’aile protectrice de George W. Bush. L’ensemble de son pays et la presse de son pays pestaient de rage contre cette décision.

Dans ses Mémoires, Blair prend l’attitude de la contrition. Il s’excuse un nombre incalculable de fois aux familles des victimes. Comme si ce n’était qu’une question émotionnelle. C’est une manière abjecte de faire oublier qu’il a été indigne du grand peuple dont il avait la charge. Qu’il a commis, d’abord de profondes erreurs de jugements, puis des mensonges purs et simples.

De plus, suivant cette vogue détestable de la charité, il a décidé de reverser les bénéfices des ventes de son livre à je ne sais quelle association qui vient en aide à ces mêmes familles de victimes. Cela me donne envie de vomir sur mon laptop.

Aujourd’hui, dans une interview accordée au Guardian, il affirme qu’il faut maintenant s’attaquer à l’Iran. Je ne plaisante pas.

Semaine de la rose

Après avoir évoqué les roses de Belfast, je ne voulais manquer pour rien au monde la « semaine de la rose » dans un parc que je n’avais, en plus, jamais visité. C’est un jardinier rencontré dans la roseraie du jardin botanique qui m’avait prévenu de l’événement, on ne peut pas trouver source plus idoine.

Comme j’étais dans une période filmique, j’ai fait une vidéo de ma promenade. Comme, même raccourcie, celle-ci était trop longue pour le site Youtube (où je stocke mes vidéos) qui exige de ne pas dépasser dix minutes, j’ai fait deux films. Celui-ci est le premier, mais il me semble que les deux peuvent se visionner indépendemment l’un de l’autre.

Ce que je retire de cela, provisoirement, c’est que la culture victorienne a développé un fort tropisme végétal. Pour le dire autrement, le voyageur est impressionné, dans les villes britanniques, par les jardins, les parcs et les arbres qui datent d’un bon siècle et qui relèvent d’un véritable art. Le règne de la reine Victoria (1837-1901) a dû accompagner des recherches spécifiques dans ce domaine.

Mon colocataire anglais se marie

C’est pourquoi il nous a quittés aujourd’hui.

C’était un jeune homme discret. Je n’en parlais jamais car je ne le voyais jamais. Il venait dormir chez nous deux ou trois nuits par semaine, et ne descendait dans la cuisine que lorsqu’il était sûr de n’y voir personne.

Fiancé à une Irlandaise de Letterkenny ou de Donegal town, il rentrait chez elle toutes les fins de semaine, plus les mercredi soir.

Il n’entrait en contact avec moi qu’en début de mois, pour me verser son loyer.

Samedi, il va se marier avec cette jeune Irlandaise. L’Angleterre jouera contre les Etats-Unis le même jour, mais une ou deux heures après la cérémonie. Il n’en a pas vraiment parlé avec sa promise, mais il pense qu’il pourra voir le match. 

Dès la fin du ouikennde, les mariés partiront au Kenya pour une lune de miel bien méritée. L’année prochaine, il terminera son dîplôme universitaire et cherchera un travail. Il compte, à terme, monter son propre business, et partir jouer au golf en France et en Afrique (!) tandis que des gens prendront soin de ses affaires.

Et me voilà à nouveau avec une chambre libre sur les bras.